La tentative de "redressement" de l'ancien patron de l'organique au niveau de la Centrale syndicale semble avoir échoué prématurément. Les partisans d'Abdelmadjid Sidi-Saïd, au sein de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), n'ont pas attendu longtemps pour donner la réplique à Tayeb Hmarnia, ancien responsable organique de la Centrale syndicale et actuel sénateur du tiers présidentiel, initiateur d'un mouvement de redressement ciblant justement la personne de Sidi-Saïd. Une réunion d'urgence a été convoquée, hier, par quasiment l'ensemble des cadres de l'Ugta, à l'issue de laquelle une motion de soutien à Sidi-Saïd a été adoptée à l'unanimité. Les nombreux fédéraux et secrétaires nationaux, ayant pris part à cette réunion, se sont exprimés dans l'après-midi, en l'absence du premier patron de la Centrale syndicale, devant les représentants des médias pour faire part de tout leur soutien à leur secrétaire général. "Nous sommes tous Sidi-Saïd", ont répété, tour à tour, les cadres de la Centrale syndicale qui se sont succédé au pupitre à la Maison du Peuple. Ceci, tout en vilipendant M. Hmarnia qu'ils traiteront ouvertement de "traître", de "colon", de "pharaon" ou encore de "microbe" ! "Aujourd'hui, nous sommes là pour dire devant tout le monde qui sont les hommes et qui sont les traîtres de l'Ugta. Et bien, les hommes sont Sidi-Said et tous les cadres qui le soutiennent et les traîtres sont Hmarnia et ses partisans. Aujourd'hui, nous sommes ici pour dénoncer ces traîtres", a fulminé Rachid Amara, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de la santé (Fnts-Ugta), qui a appelé ses camarades et l'ensemble de la base militante à se solidariser avec Sidi-Saïd. Pour lui, il s'agit d'une "décision de maturité et d'hommes". À son tour, Mohamed Lakhdar Badredine, ancien SG de l'Union de la wilaya d'Alger, qualifiera M. Hmarnia de "microbe", non sans reprocher à Sidi-Saïd de l'avoir propulsé au rang de sénateur. "Le seul tort de Sidi-Saïd, c'était d'avoir fait de ce microbe un sénateur. Sans l'appui de Sidi-Saïd, il ne serait jamais devenu ce qu'il est aujourd'hui", a-t-il regretté. Même son de cloche chez Amar Takdjount, tout fraîchement réélu pour un nouveau mandat à la tête de l'Union de wilaya d'Alger, qui, lui, accuse M. Hmarnia d'avoir été derrière une "série de dérives" lors de son passage à la direction de la Centrale syndicale. Chauffés à blanc, d'autres intervenants se laisseront trahir par des discours parfois très révélateurs. "Quand vous ramassiez de l'argent à l'Ugta sous la même direction que vous dénoncez aujourd'hui, vous ne disiez alors rien de mal de celle-ci", a déclaré Mohand Ameziane Benmouloud, secrétaire général de la Fédération mécanique de l'Ugta. Tayeb Hmarnia, faut-il le rappeler, avait été écarté, le 9 septembre 2017, par Sidi-Saïd de tous les postes de responsabilité de l'UGTA. Auparavant, exactement fin juillet 2017, il avait signé une pétition dans laquelle il dénonçait le soutien d'Abdelmadjid Sidi-Saïd au patron du FCE, Ali Haddad. La dernière manœuvre Hmarnia, à savoir son appel pour la mise en place d'une commission nationale de redressement de l'Ugta, semble, cependant, fédérer un certain nombre de responsables de la Centrale. Pour preuve, ces derniers ont boycotté la rencontre d'hier. En tout cas, il y a désormais quelque chose de pourri au sein de la Centrale syndicale. Et la cérémonie de la célébration du double anniversaire du 24 février (date de création de l'Union générale des travailleurs algériens, UGTA, en 1956, et celle de la nationalisation des hydrocarbures en 1971), programmée cette année à Oran, risque de manquer de sérénité. Farid Abdeladim