Treize citoyens assassinés à Blida. Quarante-trois victimes et une vingtaine de blessés graves dans les Aurès. Des morts à Bouira, Aïn Defla et ailleurs. C'est un véritable bilan de guerre que l'armée algérienne doit affronter en ce début d'année. Le terrorisme islamiste est encore tragiquement efficace. Que dis-je ? Je crois qu'il ne l'a jamais été autant. Le terrorisme a été pourtant tout près d'être vaincu. C'était compter sans l'entreprise de sauvetage qui a fini par le rétablir dans toute sa funeste vigueur. Les soutiens stratégiques de l'islamisme meurtrier auraient pu faire dire à José Garçon que la sécurité militaire a encore frappé. Mais les victimes ne sont pas des civils, il eut fallu inventer une armée de martyrs contre une armée d'assassins. Et comme il n'y a pas de bons militaires pour l'Algérie, leur sacrifice ne rentre pas en ligne de compte dans les “analyses”, des amis de l'Algérie sans son armée et de leurs correspondants locaux. Le soutien politique que le terrorisme islamiste trouve, ici et ailleurs, mais exclusivement quand il frappe dans notre pays, rencontre une étrange approbation de la part de l'Etat algérien qu'il menace en priorité : la concorde civile a fait bien plus que le “qui tue qui ?” pour la résurgence terroriste. L'irrésolution continue, la recherche effrénée d'arrangement avec le pire et, ensuite, l'octroi de l'immunité au crime ne pouvaient que revigorer un organisme, par essence, dédié à la mort. La mobilisation populaire, laborieuse à ses débuts, et qui a largement contenu l'offensive destructrice a, du fait de ces politiques, fini par être découragée. En se trompant dans ce choix décisif, l'Algérie a cru pouvoir gagner une guerre sans vaincre l'adversaire. Nous voilà donc contraints de récolter les fruits d'une politique paradoxale et inédite qui consiste, depuis des années, à ouvrir toujours plus larges ses bras à ses assassins. Au moment où partout dans le monde le terrorisme bat en retraite, voilà que, paraît-il, des Yéménites de Ben Laden viennent prêter main forte à leurs “frères” d'Algérie. Le sens de la coopération arabe s'est déjà manifesté à chaque fois qu'il s'est agi de nous mettre à genoux, mais dans cette affaire, on aura tout fait pour apparaître comme le maillon faible dans la géostratégie de l'internationale islamiste. Les exemples égyptien et tunisien sont, à ce sujet, fort éloquents. Nos victimes ne seraient-elles plus que des “dégâts collatéraux” dans cette absurde expérience où il est question de supporter une guerre idéologique sans affronter l'idéologie qui fait cette guerre ? À force de compter les morts, les vies ne comptent-elles donc plus ? M. H.