En effervescence depuis quelques semaines, le syndicat des chauffeurs de taxi a décidé de passer à l'action en vue d'attirer l'attention des autorités compétentes sur les contraintes auxquelles ils font face. En effet, le syndicat de cette corporation est monté, hier, au créneau. La région d'El-Harrach sera déclarée zone interdite à partir de jeudi prochain. Les taxis ne desserviront plus cette localité jusqu'à ce que le problème des impôts soit réglé par le département concerné. “Des consignes ont été données, hier, à tous les chauffeurs de taxi afin de boycotter cette zone à partir de jeudi et ce, jusqu'à nouvel ordre”, nous révèle M. Aït Braham du syndicat. Et d'ajouter que des tracts ont été diffusés par les syndicalistes à travers toute la capitale pour que le mot d'ordre, lancé à l'issue d'une réunion, soit respecté. Selon notre interlocuteur, des chauffeurs de taxi font l'objet depuis quelques semaines de retraits de leur carte grise pour non-paiement d'impôts. Un document portant en-tête de la direction des impôts de la localité les invitant à payer sous huitaine leur est remis avec “menace de saisie du véhicule”. Le syndicat recense à ce jour plus d'une dizaine de cas de retrait. Généralement, les “taxieurs” sont appréhendés au niveau des barrages des agents de la circulation. “Le policier ordonne au chauffeur de s'arrêter sans raison aucune, sans qu'une infraction ne soit commise et lui demande les papiers. À sa surprise, un représentant des impôts, liste à la main, l'ordonne de lui remettre la carte grise pour non-paiement des impôts”, rapporte les syndicalistes. Curieusement, cette opération n'a lieu qu'au niveau de la localité d'El-Harrach. Les chauffeurs de taxi desservant d'autres localités n'y sont pas touchés, alors que presque tous les “taxieurs” ont contracté des dettes au niveau des contributions. Tout remonte, en effet, aux années du terrorisme quand pour une raison ou une autre, les “taxieurs” n'ont pas payé leurs dus et nul ne s'est inquiété outre mesure. Ce n'est qu'aujourd'hui que les impôts d'El-Harrach les réclament. Mais les dettes se sont accumulées et ont fini par atteindre des sommes colossales qu'ils ne peuvent s'acquitter. Il faut savoir, à ce propos, que ce problème a porté un coup dur au pouvoir d'achat de cette corporation car la fameuse déclaration aux impôts est exigée par la caisse d'assurance pour l'affiliation et pour tous crédits bancaires ou crédits à la consommation, notamment pour l'achat d'articles électroménagers. “Nous sommes pénalisés pour une situation dont nous ne sommes pas responsables”, s'indigne le syndicat. Ne sachant plus à quel saint se vouer, l'organisation des chauffeurs de taxi se tourne vers l'arbitrage du premier magistrat du pays. Bouteflika est interpellé pour “étendre le projet d'amnistie en faisant bénéficier les “taxieurs” d'une amnistie fiscale”. Contacté, hier, la Direction des transports de la wilaya d'Alger s'en lave les mains et soutient “n'avoir rien reçu d'officiel dans ce sens. Nous avons eu des échos, c'est tout”, nous dit-on. La direction des impôts d'El-Harrach était, quant à elle, aux abonnés absents. M. B.