Ce report a été décidé "pour ne pas exclure les nomades issus des tribus lointaines", selon un notable de l'Ahaggar qui voit en cette marche une occasion pour "répondre aux déclarations de certains sénateurs ayant fait allégeance au pouvoir politique". L'ultimatum lancé aux hautes autorités du pays par l'Amenokal de l'Ahaggar, Ahmed Edabir, a expiré, avant-hier, sans qu'il y ait de réponses claires aux revendications formulées au nom de la communauté targuie de Tamanrasset, cette vaste wilaya de l'extrême sud du pays. Ainsi donc, l'Amenokal n'est pas allé au bout de ses avertissements puisque la marche qui devait être organisée ce dimanche au chef-lieu de wilaya n'a pas eu lieu. La manifestation a été reportée au 17 mars pour permettre à toutes les tribus targuies d'y prendre part, a toutefois expliqué M. Edabir, en précisant que cette décision a été prise en concertation avec les notables de la région. Ces derniers se sont réunis, dimanche soir, au domicile de leur chef spirituel où ils ont débattu de tous les problèmes devant être soulevés le jour J. Le rassemblement, auquel sont conviées toutes les autorités locales, aura lieu à la salle omnisports de la cité Tahaggart. Une demande d'autorisation a été officiellement adressée, hier lundi, au wali de Tamanrasset, par le biais du président de l'Assemblée populaire de wilaya, Abdellah Moulay Beradaï, pour que cette manifestation soit mieux encadrée par les organisateurs déjà taxés de "fauteurs de troubles" et de "manipulateurs". Interrogé sur les raisons de ce report, un notable de l'Ahaggar répond que "ce timing a été choisi pour ne pas exclure les nomades issus des tribus lointaines et pour leur donner le temps de rejoindre le chef- lieu. La parole leur sera donnée ainsi pour leur permettre d'exprimer leur désarroi et évoquer les problèmes auxquels ils font quotidiennement face. L'occasion leur sera également offerte de répondre de vive voix aux déclarations en trompe-l'œil faites récemment par certains sénateurs ayant fait allégeance aux tenants du pouvoir politique". La gent féminine sera également au rendez-vous de ce rassemblement qui se veut une occasion de couper l'herbe sous le pied des politiques animés par l'ambition d'étouffer l'autorité traditionnelle, avec, pour seul but, d'imposer leur diktat. La présidente de l'association culturelle Tindé, Koula Edabir, a animé une réunion qui a vu la présence de plusieurs dizaines de femmes targuies, venues des quatre coins de l'Ahaggar, pour renouveler leur confiance à l'Amenokal et le soutenir dans sa démarche. Cette rencontre, coïncidant avec la célébration de la Journée internationale de la femme, se propose de défendre la noblesse du titre du chef spirituel jouissant de toutes les prérogatives, notamment celle de parler au nom des Touareg en défendant leurs intérêts et en leur garantissant paix et stabilité. Pour mémoire, le sénateur Mohamed Akhamoukh a été le premier à réagir aux accusations de l'Amenokal. Dans une déclaration à la presse, il s'en est pris au successeur de son père, en le présentant comme "une personne non représentative des Touareg" et que le titre d'Amenokal, dont Ahmed Edabir se réclame "n'existe plus depuis des années". Le sénateur a même accusé Ahmed Edabir d'avoir "usurpé le titre dont il use pour lancer des accusations infondées et des sous-entendus préjudiciables à la stabilité de l'Algérie, en général, et à celle de la région du Hoggar, en particulier, au nom des Touareg qui ne reconnaissent aucune autre autorité que celle des institutions constitutionnelles de la République". RABAH KARECHE