Une réunion restreinte regroupant 26 représentants des tribus de la commune de Tamanrasset s'est déroulée lundi après-midi au domicile d'Ahmed Idabir, ancien député. Les présents à cette réunion ont débattu de «la représentativité» des Touaregs du Hoggar auprès des pouvoirs publics et dans les cercles de décision. «Nous nous sommes réunis chez M. Idabir pour poser un problème majeur relatif à la représentativité des Touaregs du Hoggar dans les réunions officielles et notamment celles qui concernent la sécurité de la région», nous a affirmé un des participants à cette réunion informelle. «Nous voulons rappeler avec insistance que l'amenokal Ahmed Idabir est le seul représentant et l'interlocuteur officiel des Touaregs du Hoggar», a-t-il indiqué. Les présents à cette réunion se sont interrogés sur «l'absence de leur représentant, en l'occurrence Ahmed Idabir, dans les récentes réunions tenues notamment à Adrar sur la situation au Mali avant l'assaut militaire français contre la région». Ils ont, de ce fait, dénoncé «la présence des faux représentants des Touaregs du Hoggar dans ces réunions», et le fait que «ces derniers se permettent de parler en leur nom et de prendre des décisions à leur place sans qu'ils soient des leurs». «Personne n'a convoqué Adabir à la réunion d'Adrar alors qu'il est l'amenokal de la région depuis le décès de Moussa Akhamoukh en 2006.» D'autres réunions vont succéder «pour consolider cette position et faire des propositions dans ce sens». Contacté pour avoir de plus amples informations, Mohamed Akhamoukh, sénateur du tiers présidentiel, affirme avoir pris part à la réunion qui s'est déroulée à Adrar. «J'ai été le représentant des Touaregs lors de la réunion des notables du sud d'Algérie à Adrar où il a été question de débattre de la situation au nord du Mali et de l'éventuelle solution de réconciliation entre les différents courants. Je suis le fils de Moussa Akhamoukh et non pas un étranger aux Touaregs», a affirmé Mohamed Akhamoukh. «Ahmed Idabir ne représente personne. Il n'est pas l'amenokal des Touaregs du Hoggar car tout simplement, l'amenokal est une notion révolue. Nous sommes dans une République démocratique et non pas dans un régime royal pour que cette organisation sociale soit adoptée et maintenue. Le statut d'amenokal n'existe pas dans la Constitution ni dans aucune autre loi de la République, c'est la raison pour laquelle personne ne le reconnaît», a répliqué M. Akhamoukh. Selon lui, «Idabir prétend être amenokal mais cela n'est pas vrai car ni son père ni son grand-père ne l'ont été avant lui. D'où est-ce qu'il peut se procurer ce statut si les tribus du Hoggar ne le lui ont pas attribué». Mohamed Akhamoukh affirme qu'«il est le seul représentant des Touaregs du Hoggar et qu'il est convié naturellement à tous les événements qui concernent la région». «J'assume cette fonction de représentativité par mon statut de responsable civil et d'élu au Conseil de la Nation et non pas par l'exercice de mon influence sachant que je suis le descendant de Moussa Akhamoukh», a-t-il précisé. Le problème de la représentativité des Touaregs du Hoggar ressurgit subitement, alors que la question n'a pas été officiellement posée par la population locale depuis le décès du notable Moussa Akhamoukh en 2006 où aucune réunion des chefs des tribus touaregs n'a eu lieu pour élire le représentant de cette population. Pourquoi cette question intervient-elle en ce moment précis où les vents de l'instabilité et de la manipulation soufflent dans la région ? Pourquoi Ahmed Idabir, par trois fois député et non retenu par son parti, le RND, pose la question de son avenir personnel à travers un pseudo-déficit de représentativité des Touaregs de Tamanrasset ? Pourquoi maintenant alors que les troupes françaises se trouvent confrontées aux djihadistes au nord du Mali, pas loin de la frontière algérienne ? A ce jour, jamais un Touareg ou un nomade de Tamanrasset ne s'est soulevé pour revendiquer un amenokal qui parle en son nom alors que la région plonge dans divers problèmes socioéconomiques que ce même amenokal, alors qu'il était député pendant 15 ans à l'APN, n'a daigné prononcer un mot pour apaiser les souffrances de la population locale. Cette réunion a eu lieu alors que les troupes françaises se trouvent à quelques encablures de Tamanrasset, et les conséquences de la guerre au Mali commencent à se ressentir avec le ralentissement de l'activité commerciale, et des étincelles qui éclatent entre les tribus arabes et touaregs qui s'opposent catégoriquement à cette guerre. Les priorités de l'heure semblent chambouler les esprits de certaines personnes qui cherchent à gagner du terrain en jouant la dernière carte de «leadership», ou celle de «l'intervention étrangère» alors que les Touaregs ont dépassé de très loin ces considérations tribales. Du reste, les déclarations de Mohamed Akhamoukh sont une leçon de citoyenneté et de responsabilité qui devraient inspirer Idabir.