L'indigence, pour ne pas dire "les honteuses cantines scolaires" de la wilaya, ont été au cœur d'une rencontre organisée par la commission de l'éducation de l'APW afin de dresser un état des lieux. Le constat établi est peu reluisant et qui, au demeurant, perdure depuis des années, avec désormais la compétence des collectivités locales pour la gestion de ces 255 cantines scolaires pour un total de 538 écoles primaires. Et pour cause, lors de la rencontre qui devait s'appuyer sur la présentation des conclusions d'ateliers impliquant tous les acteurs de ce secteur, y compris des médecins et des universitaires, il a été dit de manière habile que les cantines scolaires servaient "des repas chauds dans 168 écoles et froids dans 87 autres", et d'en expliquer les raisons par le manque de moyens, de personnel qualifié, de salles adéquates ainsi que par l'absence d'hygiène. Mais plus crûment, il aurait été plus judicieux de dire que les fameux repas froids notamment consistent souvent en un morceau de pain, avec une portion de fromage et un yaourt, comme en témoignent nombre de parents d'élèves. Et cela au moment où, lors de cette rencontre, le volet sanitaire a été longuement abordé avec la mise en avant de l'importance "des rations alimentaires équilibrées pour le bien-être et la santé des élèves". Un paradoxe, quand on sait que la wilaya d'Oran a octroyé, en 2017, aux collectivités locales, un budget de près de 850 millions de DA pour ce secteur, dont 55 milliards de centimes pour les seules cantines et 16 milliards pour le chauffage scolaire. Ledit rapport, qui a été lu à l'hémicycle de la wilaya, a encore convenu que les repas servis dans les cantines scolaires du primaire ne correspondent pas aux normes et exigences d'hygiène et de nutrition. Ce sont en tout 98 000 enfants qui bénéficient de ces fameuses cantines sur un total de 105 454 élèves scolarisés. Autre volet mis en avant par le rapport de la commission de l'APW, celui de l'hygiène, avec là encore un état des lieux inacceptable au sein du secteur de l'éducation. Le personnel affecté aux cantines scolaires est souvent composé de femmes de ménage et autres personnels polyvalents, non permanents. Des écoles ne disposent pas de salle de réfectoire, de réservoirs d'eau non contrôlés, non désinfectés, l'absence de raccordement au gaz de ville et des équipements vétustes et inutilisables du fait de leur état. Ainsi, la question des cantines scolaires reste encore un débat d'actualité, et la mise à niveau ne sera pas pour demain tant est que les collectivités locales hurlent leur presque faillite financière. Mais personne ne s'avisera à évoquer, en premier, le nécessaire contrôle strict de la gestion des deniers publics consacrés aux cantines scolaires et les marchés avec les fournisseurs. D. LOUKIL