La rareté de l'eau est un problème qui se pose avec acuité ces dernières années. Souk Ahras, wilaya située à l'extrême est du pays, se distingue par un relief montagneux et fortement boisé au niveau de la zone nord qui accapare 43% de sa superficie totale. Des reliefs plats et réguliers jalonnant des plaines et de hautes plaines, où la pluviométrie moyenne varie entre 300 et 450 mm, constituent la zone sud. La wilaya qui recèle d'importantes potentialités dans le domaine agricole des productions végétales et animales possède des atouts majeurs propices à un vrai décollage économique dans le secteur agricole. De l'avis de tous les experts, Souk Ahras est considérée comme un bassin laitier par excellence, elle est en mesure de contribuer efficacement dans l'autosuffisance alimentaire et freiner la vertigineuse machine de l'importation faisant ainsi économiser à l'Etat des millions de dollars. Malheureusement, comme l'a constaté le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, lors de la récente visite qu'il a effectuée dans cette wilaya, ce n'est pas avec un périmètre irrigué d'à peine 8000 ha qu'on pourra se targuer d'atteindre ces objectifs. Se ralliant à l'avis du ministre, des spécialistes rappellent que cette wilaya dispose d'une superficie agricole utile de 250 000 ha sur une surface agricole globale de 250 000 ha. Ces mêmes spécialistes assurent qu'à partir de ces richesses providentielles, le secteur agricole peut générer une valeur ajoutée qui pourrait dépasser 50 milliards de dollars, confirmant que l'avenir de la wilaya de Souk Ahras se trouve dans le secteur agricole. "Mais le problème qui se pose avec acuité ces dernières années est la rareté de l'eau. C'est pourquoi l'augmentation de la production et la mise en valeur nouvelle en irrigué est tributaire d'une gestion rationnelle de cette ressource précieuse", regrette Pr Djebbar Yacine, expert en hydraulique. "Souk Ahras a de tout temps été une région agropastorale. La création de richesses passe inévitablement par l'agriculture, domaine qui a toujours donné satisfaction et dont le rendement s'améliore d'année en année. Imaginez juste que l'on décide de passer des 8000 ha de périmètre irrigué actuel à 150 000 ha, ce qui est aisément réalisable, et que pour un hectare on fasse appel à au moins 3 ouvriers permanents. Par une simple opération de calcul on peut faire travailler 450 000 personnes, ceci sans parler des emplois indirects", indique cet expert, en réponse à la question de savoir comment il voit l'avenir de sa wilaya. Evoquant la sécheresse qui sévit à l'extrême est du pays depuis deux années, affectant en particulier sa wilaya, Pr Djebbar affirme qu'il est impératif de recourir au transfert d'eau depuis une autre région. "Les régions de Souk Ahras, Tébessa, Khenchela, Oum El-Bouaghi, Guelma, notamment, connaissent un stress hydrique inhibant leur développement. Les différentes études menées ont conclu que les ressources disponibles dans ces régions ne suffisent plus pour satisfaire les besoins grandissants en alimentation en eau potable des populations et pour l'irrigation des surfaces agricoles. Par conséquent, deux solutions s'offrent à nous : soit on procède à un transfert à partir des eaux souterraines du Sud, ce qui, à mon avis, serait trop coûteux, en plus du fait que les experts chargés du dossier de même que plusieurs utilisateurs concernés estiment que ces eaux sont faiblement renouvelables ; soit on se tourne vers la wilaya d'El-Tarf qui dispose de trois barrages, un autre en cours de réalisation et deux autres projets en maturation. De plus, le gouvernement vient d'annoncer la construction prochaine d'une station de dessalement d'une capacité de 300 000 m3 par jour. Il est évident que cette wilaya possède des capacités énormes en eau avec une pluviométrie de 1000 mm an. À partir de ces données, le système hydraulique proposé va servir essentiellement au transport d'eau à partir du barrage existant de Chaffia qui devait être interconnecté aux autres barrages. Chaffia va être alimenté non seulement par les apports de son bassin versant mais aussi par les eaux provenant de la station de dessalement des eaux de mer proposées pour assurer la continuité de l'approvisionnement de toute la région en cas de sècheresse. Et là, j'ouvre une parenthèse, notre souhait est de revoir la capacité de cette station passer de 300 000 m3 jour à 500 000 m3. Cela pour améliorer davantage le potentiel mobilisable et satisfaire toutes les demandes en AEP des régions de l'extrême est en cas de sécheresse, comme ce fut le cas en 2017." Farrouki Hocine