Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur L'Algérie aura, à l'orée de 2014, un important volume d'eau estimé à plus de 1,5 milliard de mètres cubes d'eau traitée depuis les stations d'épurations, a indiqué le ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, lors de sa visite, hier, dans la wilaya de Tlemcen, qui était accompagné de M. Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. M. Abdelmalek Sellal a affirmé que cette eau sera réservée à l'irrigation des terres agricoles à travers le pays et expliquera que les 600 millions de mètres cubes en provenance du Sahara seront destinés aux régions des hauts plateaux. Concernant les projets de réalisation de stations d'épuration, l'Algérie a lancé un vaste programme dans ce sens. Actuellement, il existe 102 stations de d'épuration (STEP) alors qu'en 1999 le pays n'en comptait que 28, dont la majorité était à l'arrêt. Le ministre des Ressources en eau a affirmé qu'actuellement 74 stations d'épuration sont en cours de concrétisation et d'autres seront lancées dès le prochain quinquennat, dont deux seront implantées dans la wilaya de Tlemcen, précisément à Maghnia et Oued Mouileh, à la frontière algéro-marocaine. «C'est une révolution pour garantir la sécurité alimentaire», a souligné M. Sellal, interpellant l'ensemble des cadres de son secteur de redoubler d'efforts pour atteindre l'objectif assigné. De son côté, Rachid Benaïssa n'a pas manqué de préciser que le plan d'action du gouvernement étant d'assurer la sécurité alimentaire, car il s'agit d'une volonté du pays pour assurer l'après-pétrole. Dans ce cadre, les deux ministres ont assisté à l'opération de transfert des eaux traitées par la station d'épuration de Aïn El Hout d'une capacité de 30 000 mètres cubes/jour. Ce volume d'eau sera destiné à l'irrigation des plaines de Hennaya sur une superficie de 912 ha exploités par plus de 130 agriculteurs. La délégation a ensuite visité la STEP d'une capacité annuelle de 11 millions de mètres cubes par an. Les deux ministres ont donné des instructions fermes afin d'éviter toute panne. «Les 30 000 m3 doivent parvenir quotidiennement et à temps aux agriculteurs», a-t-on précisé. Cependant, avant de visiter le chantier du barrage de Zouia, d'un volume de 4 millions de m3 destinés à l'irrigation de quelque 200 hectares, les deux représentants du gouvernement ont assisté à la journée d'étude sur le recyclage des eaux usées et leur utilisation à des fins agricoles. Cette rencontre, à laquelle ont pris part des représentants des secteurs de l'agriculture, de l'hydraulique et des forêts des wilayas de l'Ouest du pays, a été une occasion de présenter la stratégie nationale de l'hydraulique, en matière d'exploitation des eaux usées au niveau des stations de traitement et d'épuration, pour l'irrigation, où l'on prévoit un objectif de 100 000 hectares irrigués par les eaux usées traitées à l'horizon 2014. Lors de cette journée, les intervenants ont indiqué sur le plan du programme d'économie d'eau, les objectifs 2009-2014, visant, entre autres, a développer les systèmes d'économie d'eau par l'extension et la reconversion des systèmes gravitaires en systèmes économiseurs d'eau, d'aller vers une extension de la SAU en irrigué et d'affecter au secteur de l'agriculture l'équivalent du volume d'eau mobilisé par le biais des eaux non conventionnelles. Les spécialistes ont expliqué l'accroissement de la superficie irriguée de 280 000 ha à l'horizon 2014, dont 183 000 ha en système économiseurs d'eau, la reconversion à hauteur de 50% de la sole irriguée en système gravitaire, en 2007, de 557 300 ha en système économiseurs d'eau sur 278 000 ha ; ainsi que la préservation des systèmes économiseurs d'eau existants sur 349 000 ha. Dans le monde, a-t-on rappelé, 20 millions d'hectares sont irrigués avec des eaux usées, parfois non traitées, à l'exemple de la Syrie avec 370 millions m3/an, de l'Arabie saoudite, 217 millions m3/an, et de l'Égypte, 200 millions m3/an. En Algérie, des enquêtes réalisées auprès des DSA (2007) au sujet de l'utilisation des eaux usées traitées dans l'agriculture font ressortir une superficie irriguée de 2 300 ha à titre d'essai, au niveau de Souk Ahras (1 500 ha) Sétif (plus de 300 ha) Constantine 5 300 ha) etc. Cette exploitation expérimentale, a-t-on ajouté, permet la production de modèle d'encadrement utile sur les plans social, économique, scientifique, technique, environnemental et sanitaire. Donc les eaux utilisées traitées (EUT) sont une source d'eau fiable même en cas de sécheresse par l'utilisation d'un volume potentiel de 660 millions de m3 à l'horizon 2025, dotées d'une capacité d'engraissement des sols pour augmenter les rendements, ainsi qu'une bonne compréhension et une maîtrise des EUT par les agriculteurs permettront la réussite de cette option. Evoquant la réutilisation des eaux usées, Bouguerra Omar, cadre de l'hydraulique, a souligné qu'avec plus de 90% du territoire national à prédominance d'aridité et un indice de rareté de 490m3/habitant/an, l'Algérie est classée dans la catégorie des pays pauvres en ressources hydriques au regard du seuil de rareté fixé par la banque mondiale à 1 000 m3/habitant/an. Selon l'intervenant, la mobilisation actuelle en eau, est caractérisée par des eaux souterraines exploitées, dont 2 milliards de m3 par an au nord et au Sahara avec 2 milliards de m3/an. Pour les eaux superficielles on compte 65 barrages d'une capacité totale de 6,9 milliards de m3. Concernant les eaux usées traitées, le volume rejeté à l'échelle nationale est estimé actuellement à près de 750 millions de m3 et dépassera 1,5 milliard de m3 à l'horizon 2020. Afin de prendre en charge leur épuration, a-t-il expliqué, le secteur des ressources en eau a lancé un programme ambitieux en matière de réalisation d'installations adéquates. Il est prévu la réalisation de 40 STEP, ce qui portera la capacité d'épuration à l'horizon 2020 à 1,2 milliard de m3/an.