Le président de la Fédération algérienne de football a trouvé, dernièrement, que le football national manque d'argent. Pourtant à voir les guerres de cent ans qui empoisonnent la vie des plus grands clubs, plus grands d'ailleurs par leur budget que par leurs réalisations, il faut croire que les enjeux sont plus que sportifs. Et ce n'est pas Raouraoua qui doit ignorer la nature de ces mises. Le plus étrange, c'est qu'au lieu de s'offusquer du manque de professionnalisme de notre football et de s'étonner des prétentions financières d'un des championnats les plus faibles d'Afrique, et donc du monde, le président de la FAF accompagne les revendications vénales d'un sport médiocre. Les résultats des clubs et sélections n'ont jamais été aussi désastreux. On ne peut pas dire pourtant que, jusqu'ici, notre football roulait sur l'or. Dans un continent où le niveau de beaucoup de nations était, hier encore, incomparable au nôtre, nous sommes devenus l'adversaire qui soigne les goal-averages de nos adversaires, un continent qui ne doit sûrement pas “entretenir” ses fédérations et clubs, les équipes algériennes pèchent, semble-t-il par manque d'argent ! Que de joueurs, aux rendements visibles pour leurs seuls dirigeants, se distinguent par de paradoxales exigences matérielles ! Et les obtiennent. Avant même de prouver leur efficacité sportive. Il faut un minimum d'aisance matérielle pour s'offrir les enchères autour de ces vedettes locales qui, pour l'heure, n'assurent aucun rayonnement international à notre sport-roi. S'il ne rémunérait que l'effort et le talent, l'argent du football, lui, suffirait probablement. Pour preuve que cette discipline sportive n'est pas dans le besoin, c'est qu'on ne se bouscule pas à la porte de sortie. D'ailleurs, la gestion de cette lucrative activité est en fait basée sur son seul aspect vénal. Il en découle des dérives qui nuisent à la morale sportive. À chaque fin de championnat, des empoignades claniques s'emparent des principales associations et alimentent la chronique “sportive” d'intersaison. L'argent sert plus souvent à sponsoriser ces affrontements d'influence qu'à organiser la vie sportive du club. Ces besoins extrasportifs ont fait des associations des organisations budgétivores qui ne s'intéressent qu'à ce jeu fructueux, assassinant les autres disciplines qui, peu à peu, disparaissent de la vie sportive nationale. Le football ayant la particularité de prospérer malgré sa médiocrité — parce qu'il repose sur la culture du chauvinisme plus que sur le culte de l'esprit sportif —, on sacrifie les jeux qui n'attirent pas les hordes rugissantes qui paient pour en découdre avec la tribu concurrente. Depuis le temps qu'il est question d'interdire les stades aux mineurs non accompagnés, et malgré les violences hebdomadaires qui terrorisent les grandes villes les jours de joutes, aucune autorité n'est passée à l'acte. C'est que l'argent est roi, pas le football. Apparemment, toutes ces dérives ne suffisent pas ; on en redemande. M. H.