Une commission chargée de contrôler leur gestion sera mise sur pied. On prête à la fédération algérienne de football l'intention de se démarquer des autres fédérations sportives. Entendez par là qu'elle veut qu'on lui accorde un statut spécial pour qu'elle ne soit plus placée sur un pied d'égalité avec une quelconque fédération qui gère une discipline peu populaire. Il est incontestable que le football représente un phénomène social que ne peut prétendre atteindre aucune autre discipline sportive. Ce n'est pas pour rien que les pouvoirs publics ne sont pas très regardants lorsqu'il s'agit de lui verser de l'argent. Du moins lorsqu'il s'agit de difficultés que rencontre un club de football, on est moins réticent pour trouver des solutions que pour l'équipe nationale d'une petite discipline sportive. Il est bon de souligner que durant la terrible décennie 90 où le terrorisme a accompli ses massacres les plus odieux, le football a toujours continué à remplir les stades. C'est pour cela que l'Etat n'a pas cessé de subvenir à ses besoins sans chercher à le contrôler. Ou bien à peine. Mais s'il suscite un indéniable engouement populaire, il ne peut, par contre, prétendre avoir, dans le même temps, réalisé des résultats à la mesure des sommes considérables qui lui ont été allouées. La preuve en a été qu'au moment où le football et son équipe nationale alignaient les défaites et les éliminations, d'autres disciplines sportives réussissaient à faire lever très haut l'emblème national dans les plus grandes compétitions sportives internationales. On peut citer, bien entendu, l'athlétisme avec Boulmerka et Morceli médaillés d'or aux Jeux olympiques de 1992 à Barcelone et de 1996 à Atlanta et la boxe avec Soltani, médaillé d'or aux J.O. d'Atlanta. Le respect s'octroie à ceux qui sont brillants ce qui est loin d'être le cas du football. A partir de là, peut- on croire, un seul instant, que la FAF a raison d'exiger un statut particulier? D'autant que lorsqu'il s'agit de subventions, elle n'est guère aidée par les clubs. Ces derniers ne font pas grand-chose pour travailler dans la transparence. L'argent qui leur est versé est difficilement contrôlable et l'on assiste à une folle surenchère sur le marché des transferts. On nous a raconté l'histoire vécue par des cadres du MJS qui sont allés négocier une rallonge budgétaire auprès du ministère des Finances. Le responsable auquel ils s'étaient adressés leur a tiré une pile de journaux sportifs où des chiffres aussi faramineux les uns que les autres étaient alignés dans les «Unes». C'est dire que les gens du MJS ont été complètement pris au dépourvu. C'est d'ailleurs connu, nos clubs se plaignent de caisses vides mais lorsqu'il s'agit d'embaucher des joueurs, ils ne regardent presque jamais à la dépense. Dans de telles conditions la FAF risque d'avoir beaucoup de difficultés pour obtenir la somme qu'elle désire. On parle de 87 milliards de centimes, somme qui devrait, non seulement, lui permettre de rembourser toutes ses dettes mais également de renflouer les caisses de certaines ligues. Il n'y a pas si longtemps, le président de l'instance dirigeante se plaignait du fait que la FAF disposait d'un budget inférieur à celui de certains clubs. D'ailleurs elle chercherait à avoir un droit de regard sur tout ce qui se passe dans ses clubs. Le voeu de la fédération de football serait, ni plus ni moins que de voir l'argent versé à ces clubs, au titre des subventions, passer par ses services. Pour elle ce serait une solution pour contrôler leur financement étant donné qu'elle saura qui touche quoi. La FAF veut aller plus loin en mettant sur pied une commission spéciale qui sera chargée de contrôler la gestion de ces clubs, une commission qui activera sur le même modèle que la DNCG (Direction nationale de contrôle de gestion) française. Celle-ci est réputée pour avoir refusé l'accession à des clubs dont les finances étaient à plat. Nos clubs, si réticents à montrer leurs registres comptables, ne resteront, certainement pas, les bras croisés devant cette tentative de main mise de la FAF dans un domaine qu'ils souhaitent voir demeurer aussi opaque que par le passé.