La Russie, insensible aux accusations occidentales la visant après l'empoisonnement d'un ex-agent double en Angleterre, a prévenu hier de son intention d'expulser des diplomates britanniques en riposte aux sanctions imposées par Londres. Dans ce cadre, Moscou a également annoncé hier l'ouverture d'une enquête pour "meurtre", et pour "tentative d'assassinat" de la fille de l'ex-espion Skripal. Cette affaire d'empoisonnement, qui a rapidement pris des allures de confrontation Est-Ouest sans précédent depuis la guerre froide, s'envenime à quelques jours d'une élection présidentielle russe dans laquelle Vladimir Poutine devrait largement remporter un quatrième mandat le plaçant à la tête du pays jusqu'en 2024. En déplacement à Astana, la capitale du Kazakhstan, pour une réunion sur la Syrie, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait auparavant confirmé que Moscou expulsera de son territoire des diplomates britanniques "sur un principe d'égalité". Par ailleurs, le Kremlin a jugé hier "impardonnable" de désigner personnellement le président russe Vladimir Poutine comme responsable de l'empoisonnement en Angleterre de l'ex-espion russe, comme l'a fait le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson. "Toute mention ou référence à notre président n'est rien d'autre que choquante et impardonnable en termes d'étiquette diplomatique", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes. Selon M. Peskov, l'intensité de la riposte russe sera décidée in fine par le président Vladimir Poutine, actuellement en campagne électorale avant la présidentielle de demain. "Il faudra tôt ou tard que la Grande-Bretagne fournisse des preuves concluantes. (...) Pour l'instant, nous n'en avons pas vues", a poursuivi M. Peskov hier. De son côté, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a appelé hier la Russie à "coopérer" sur l'affaire Skripal, assurant que l'alliance "ne voulait pas d'une nouvelle guerre froide". À noter que le chef de l'opposition travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a appelé hier à ne pas "précipiter" les conclusions de l'enquête sur l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal, estimant qu'un lien avec des "groupes mafieux russes" était possible. R. I./Agences