Dans sa nouvelle exposition, qui se tient jusqu'au 23 mars à l'espace d'art contemporain (Espaco) d'Alger, Hichem Gaoua, alias El-Moustach explore la société algérienne au travers de l'univers warholien qu'est le pop art, et ne manque pas de gentiment se moquer de nos travers et de nos obsessions, tout en rendant hommage aux monstres de la musique et du cinéma algériens. À l'image de son créateur, qui semble tout droit sorti du cultissime Carnaval fi dechra, l'exposition de Hichem Gaoua, alias El-Moustach, détonne avec son univers "warholien", puisque le pop art est au cœur des œuvres du plasticien. La mise en place de cette exposition qui se poursuit jusqu'au 23 mars à l'espace d'art contemporain Espaco (Oued Terfa, El-Achour), vient elle aussi asseoir le côté original et décalé de l'entreprise de Gaoua, puisque l'on retrouve tour à tour briques rouges, miroirs, table de café et autres cageots en plastique. "Sog ur mother is open at night", en référence à la réplique du grand Athmane Ariouet dans Ayla ki nass de Amar Tribeche, est ainsi le pivot de la pop culture algérienne, fût-elle musicale, cinématographique, sportive ou même politique. "Je suis un artiste qui a fait sa notoriété sur Facebook. Depuis 2014. Je fais du pop art en utilisant des œuvres graphiques, inspirées des icônes de la pop culture algérienne", dira l'artiste. Et de continuer : "Cette exposition et un hommage à cheikh Athmane Ariouet et icône incontestée de la pop culture algérienne, dont je suis fan. Ma matière principale est notre culture populaire, dont je suis un grand amoureux, mais mes outils restent l'infographie et la communication visuelle qu'on utilise dans la publicité". Après ses passages à la galerie Ezzou'art et au café littéraire le Sous-Marin, où il avait exposé à l'occasion de l'inauguration de la galerie d'art de ce nichoir artistique, Gaoua estime que grâce au coaching et à l'encadrement de Jaoudet Gassouma, (commissaire de l'exposition), sa nouvelle exhibition a acquis un cachet plus professionnel. Avec ce postulat de départ, une trentaine d'œuvres, où figurent Zinedine Zidane, El Hachemi Guerouabi, Amar Ezzahi, Hadj M'hamed El Anka, Hasni ou même Bruce Lee, enveloppent toute la galerie de leur aura. Regroupés dans une petite salle, au fond de la galerie, la trinité musicale Dahmane El Harrachi- Hadj El M'hamed Anka-Hasni règne en maître des lieux. Pour marquer l'apport considérable de ces monstres sacrés à la chanson algérienne, El-Moustach greffera au visage de l'interprète de Ya rayah des lunettes 3D, qui ont, elles, révolutionné le monde du cinéma. Irrévérencieux à souhait, il se moque du côté superstitieux des Algériens. Ne manquant pas non plus de railler les travers de notre société, il interpelle tout un chacun, avec beaucoup d'humour et de dérision, sur le nationalisme zélé ou encore sur la saleté dans nos rues. En contre-bas d'une façade d'immeuble où flotte fièrement l'emblème national, à côté d'une flopée d'antennes paraboliques, sont jonchées des ordures ménagères, qui malgré les couleurs éclatantes de l'œuvre, accroche encore l'œil de visiteur. Léger et drôle, "Sog ur mother" résume bien le don de Gaoua pour l'art visuel et son humour, notamment vis-à-vis de la société. Yasmine Azzouz