« Créer de l'inattendu, c'est bien là le secret des grands footballeurs. Rachid est le roi de l'inattendu » Robert Herbin
Le 13 avril 1958, c'est d'une façon inattendue qu'une longue détresse prit part dans le milieu footballistique français. De nombreux joueurs stars des différents clubs les plus prestigieux du pays disparaissent. Les « déserteurs » comme les surnommaient les médias quittent l'hexagone pour la Tunisie afin de fonder la première équipe nationale représentant l'Algérie, le FLN. Dans leurs témoignages, les héros de ce mouvement expliquent que l'idée n'était pas celle du FLN mais la leur, ce sont eux qui ont préféré renoncer à leurs statuts de champions dans le but de faire un geste pour leur pays. Parmi eux, Rachid Mekhloufi, le Platini de l'époque, titulaire en équipe de France, champion de France avec l'AS Saint Etienne, champion militaire à Buenos Aires avec ces mêmes couleurs décida de laisser tomber l'événement phare du monde du football. En l'occurrence, la coupe du monde ayant eu lieu en Suède pendant l'été 1958, c'est donc à quelques mois de cette festivité qu'il fit sa valise pour rejoindre la révolution algérienne. L'amour de la patrie l'a donc emporté, Rachid Mekhloufi fera une cinquantaine d'années après sa célèbre déclaration soulignant son attachement pour la cause et une des raisons l'ayant poussé à faire ceci : « je suis de Sétif, et à Sétif il y a eu 45000 morts en 1945 ». L'équipe se composait de : Laaribi-Boubeker- Zitouni- Defnoune- Makhloufi- Oudjani- Setati- Chabri- Ibrir 1- Ibrir 2- Soukhane 1- Soukhane 2- Bouricha- Oualikene- Amara- Rouai- Bakhloufi- Bourtal- Bouchache 1- Bouchache 2- Kermali- Brahimi- Maouch- Keroum- Doudou- Zouba- Ben Tifour- Mazouza- Hadad- Bouchouk. Les locaux ont aussitôt rejoint l'aventure et attaqué tous ensemble la tournée internationale qui les attendait. Après le Maroc et la Tunisie, les onze soldats sont allés en Europe de l'est, le seul souci était que la Fifa sous la pression du colonisateur sanctionnait les adversaires qui indirectement montraient qu'ils reconnaissaient la cause Algérienne. Ce sont toutefois les équipes des nations non affiliées à la Fifa qui acceptaient les demandes du FLN à l'image de la Bulgarie, Yougoslavie, Libye, Hongrie, Roumanie et le Nord-Vietnam. On retiendra les 44 victoires sur les 58 matchs disputés. Plusieurs voix s'élèvent en sympathie à l'action des joueurs du FLN, telles celles de Raymond Kopa, de Just Fontaine et de Roger Piantoni, qui envoient une carte postale de soutien à Mustapha Zitouni depuis la Suède. Regroupant de nombreuses étoiles du football européen et symbolisée par un beau jeu, cette équipe a su bien présenter la cause algérienne à l'international. Les ambassadeurs d'une Algérie revendicatrice ont, avec cet acte de bravoure, déclaré la guerre aux autorités françaises. Le fort caractère de ces hommes y a aussi pris part, Rachid Mekhloufi racontera plus tard comment est-ce que ces derniers ont refusé un match aux polonais suite au fait qu'ils n'aient pas été autorisés à citer l'hymne de la cause Algérienne. Les déserteurs ont aussi donné une grande victoire politique à l'Algérie, voir des joueurs du RC Lens, de l'Olympique Lyonnais, de Reims, du Havre, de Monaco et de l'ASSE laisser tout derrière eux pour combattre aux côtés de leurs compatriotes a montré la grande solidarité des algériens et a annoncé l'orage politique qui allait suivre sur le champ de bataille. Des sacrifices qui ont finalement payé ; propulsant ces derniers au rang de légendes, leur offrant un respect mondial, peu après l'indépendance du pays en 1962. Anes LAZRI Partenariat Réd-DIG-"Liberté" (#RDL)/CAP (EN Polytechnique)