Face aux conséquences désastreuses de l'offensive militaire turque dans l'enclave kurde d'Afrine, les Nations Unies et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) mettent en garde contre la détérioration de la situation humanitaire. Le porte-parole du bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, a indiqué hier lors d'un point de presse que quelque 167 000 personnes ont été déplacées par l'avancée des forces turques contre les milices kurdes dans la région d'Afrine dans le nord-ouest de la Syrie). "L'estimation est maintenant de 167 000 personnes qui ont été déplacées par les hostilités dans le district d'Afrine", a-t-il déclaré, en soulignant que "la plupart, 137 000 personnes, sont partis à Tal Rifaât". La même source a également précisé que les autres sont allés à Nobol, Zahraâ et dans les villages environnants. "Cet afflux massif de déplacés met sous pression les communautés d'accueil, qui sont déjà débordées", a également informé cet organisme des Nations unies, qui a ajouté que "la situation à Tal Rifaât, Nobol et Zahraâ", qui sont sous contrôle du gouvernement syrien, "est difficile, les villages étant surpeuplés". "À l'intérieur de la ville d'Afrine, on estime qu'il y a encore entre 50 000 à 70 000 personnes", a spécifié Jens Laerke. Selon un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sur les quatre hôpitaux qui fonctionnaient à Afrine avant l'offensive turque, seul un est encore opérationnel. L'agence spécialisée de l'ONU a aussi indiqué avoir déployé des cliniques médicales mobiles et acheminé du matériel médical dans les zones qui accueillent les personnes nouvellement déplacées du district d'Afrine. "Enfants, femmes et hommes ont effectué des voyages éreintants pour fuir Afrine et ont besoin d'une assistance sanitaire urgente. Notre personnel a rencontré des civils qui ont déclaré avoir marché pendant 36 heures pour atteindre des zones plus sûres", a affirmé la représentante de l'OMS en Syrie, Elizabeth Hoff, citée dans le communiqué. Rappelons que l'armée turque a déclenché le 20 janvier dernier une offensive dans le nord-ouest de la Syrie pour chasser de la frontière avec la Turquie la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), prenant le contrôle total de l'enclave kurde d'Afrine. Lundi dernier, le gouvernement syrien a dénoncé "l'occupation turque" de la ville d'Afrine, qui est selon lui "un acte illégal" et contraire aux principes de la charte des Nations unies et du droit international, réclamant le "retrait immédiat" des troupes d'Ankara présentes en Syrie. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU et au Conseil de sécurité, le ministère syrien des Affaires étrangères a rappelé que la Turquie a annoncé avoir conquis dimanche la grande ville d'Afrine au terme "de deux mois d'agression", qualifiant les faits "d'acte illégal contraire aux principes de la Charte des Nations unies et du droit international, ce qui a entraîné des milliers de morts et blessés, et de déplacés parmi les Syriens". Dénonçant "la spoliation des biens appartenant à des Syriens", le ministère syrien a évoqué également une "politique d'épuration ethnique", visant les habitants kurdes d'Afrine. Merzak T./Agences