Des scènes dignes d'un long-métrage de gangsters ont eu lieu, mercredi soir, à l'université Akli-Mohend-Oulhadj de Bouira, où le doyen de la faculté des sciences économiques et sciences de gestion (Sesg) a été empêché de sortir de son bureau par des étudiants pendant plus de six heures. Pour échapper aux auteurs de cet acte hautement condamnable, le doyen a dû sauter du balcon de son bureau situé au deuxième étage, s'est fracturé la cheville et a eu un arrêt de travail de deux mois. Selon M. Outafat, président de la section locale du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), qui assimile cet acte à une "prise d'otage", tout a commencé vers 15h, lorsque des étudiants, appartenant à diverses organisations estudiantines, ont fait irruption au département des sciences économiques et voulaient, coûte que coûte, en découdre avec le doyen. Selon notre interlocuteur, ces étudiants en furie reprochaient au doyen les notes catastrophiques obtenues par certains de leurs camarades et exigeaient qu'il intercède auprès des enseignants pour qu'ils "rectifient le tir". Devant le refus du doyen, ces étudiants, si on peut les qualifier ainsi, n'ont pas trouvé mieux que de séquestrer ce responsable jusqu'à 23h. Selon nos informations, le doyen des Sesg a dû se résoudre à sauter du haut de son bureau, pour échapper aux étudiants. "Devant ce énième dérapage, le Cnes appelle le ministère de tutelle à ouvrir une enquête sur ces agissements innommables et que leurs auteurs soient présentés devant la justice", déclare M. Outafat. Et d'ajouter : "Les enseignants, tout comme les étudiants, sont agressés de manière quasi quotidienne et dans la plus partaite impunité (...) L'université algérienne, plus particulièrement celle de Bouira, a atteint un niveau de délinquance alarmant." Le coordinateur du Cnes à Bouira s'insurgera également contre le "mutisme" de l'administration, laquelle, selon lui, fait preuve de laxisme. De son côté, le rectorat, via un communiqué publié sur son site internet, dénonce de manière "énergique" ces dépassements et appelle la communauté estudiantine à faire preuve de "sagesse et de discernement". Pour rappel, le 8 février dernier, un étudiant en sociologie a été grièvement poignardé au cou par d'autres étudiants. RAMDANE B.