La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (aile dirigée par Me Nouredine Benissad) établit un constat accablant de la situation des libertés dans le pays. Non seulement elle réprouve le recours des autorités à la manière "musclée" pour régler certains conflits sociaux, mais elle rappelle les autorités à leur devoir en privilégiant la carte du dialogue à l'effet d'atténuer les tensions sociales. "On assiste à une judiciarisation de la vie politique, syndicale et militante. Les situations s'enlisent dans certains secteurs notamment par la grève des médecins résidents, des enseignants, des étudiants de différentes filières et le recours systématique à des méthodes autoritaires et à la répression au lieu de privilégier le dialogue et la négociation", écrit l'ONG dans un communiqué rendu public hier. "Certaines voix officielles affichent carrément des velléités pour remettre en cause la liberté syndicale et le droit de grève", ajoute le texte. Comme pour appuyer son constat, la Ligue égrène une série d'événements qui illustrent les atteintes aux libertés et des velléités de leur remise en cause. "Plusieurs poursuites engagées" contre des étudiants, notamment ceux de Bouira et de l'Institut de la poste et des télécommunications à El-Harrach ; contre l'avocat, Me Nordine Ahmine, "dans l'exercice de sa profession", contre Fethi Gherras et Hamid Farhi du MDS, et du syndicaliste Kadour Chouicha, pour "avoir apporté leur solidarité à Me Nordine Ahmine" ; maintien du délit de la presse malgré sa dépénalisation, à travers l'exemple de la "condamnation" du général à la retraite Benhadid à une année de prison avec sursis — "la liberté d'expression n'est pas un délit" — ; deux associations à Oran des droits de la femme (Fard et Afepec) qui ont vu les portes de leurs locaux mis sous scellés par l'administration locale, la veille de la célébration de la Journée internationale de la femme, ou, encore "l'épée de Damoclès qui pèse toujours sur la tête des associations notamment celles activant dans le domaine des droits de l'Homme, qui n'ont pas reçu leurs agréments malgré leur mise en conformité avec la loi sur les associations du 12 janvier 2012", sont autant de "griefs" retenus par la Ligue. "Les libertés syndicales de manifestation, d'expression et d'association, et le droit de grève sont garantis par la Constitution et les traités internationaux relatifs aux droits de l'Homme, ratifiés par notre pays", rappelle la Laddh. Elle appelle les autorités à "s'en tenir aux textes suscités, à faire cesser les poursuites à l'encontre des différents acteurs de la société et à instaurer le dialogue avec les acteurs sociaux au lieu des approches autoritaires et sécuritaires, pour atténuer les tensions sociales", conclut le texte. K. K.