Temps durs pour les libertés démocratiques. Alors que certaines organisations syndicales sont engagées depuis quelques jours dans un bras de fer avec les autorités, toujours réfractaires à autoriser l'organisation de marches à Alger, lorsqu'elles ne sont pas confrontées à la tutelle dans le secteur où elles activent, voilà que "les pressions" touchent désormais les partis politiques. Selon les dirigeants du Mouvement démocratique et social (MDS), le parti, pourtant agréé, est la cible de "pressions" depuis quelques mois. Des "pressions" qui se déclinent sous plusieurs formes. C'est ainsi que le coordonnateur national du parti, Hamid Ferhi, et le porte-parole, Fethi Gherras, vont comparaître mardi prochain devant le tribunal de Ghardaïa en compagnie de Kadour Chouicha, vice-président de la Laddh, Ahmed Mansri (défenseur des droits de l'Homme), Abdelkader Kherba (blogueur) et Nadir Dabouze. Leur tort ? Le 13 juillet 2016, "ils se sont trouvés au mauvais endroit et au mauvais moment", pour reprendre une expression consacrée. "Le 13 juillet 2016, nous étions attablés dans un café à Ghardaïa où nous sommes allés pour apporter notre solidarité à l'avocat, Me Salah Dabouze qui devait être auditionné par le juge d'instruction. Et voilà que la police nous interpelle et saisit notre caméra", rappelle Hamid Ferhi qui animait hier une conférence de presse au siège du parti à Alger en compagnie de Fethi Gherras et de Yacine Teguia. Chefs d'inculpation retenus contre eux ? "Outrage à corps constitué", "incitation à attroupement non armé" et "non-respect de décision administrative", détaille-t-il. "À ce jour, ils ne nous ont pas répondu quant à la caméra". En attendant le procès, le siège central du parti, point de chute de certains "contestataires", comme ces enseignants de Ghardaïa qui y ont observé récemment une grève de la faim avant d'avoir gain de cause, est sous la menace de fermeture, tout comme celui de Béchar, d'ailleurs. "Les pressions sur le siège ont commencé depuis que les chômeurs et les éléments de la police communale s'y réunissent", croit savoir Hamid Ferhi. Aussi la demande introduite par le parti pour la tenue de son congrès fixé pour les 26 et 27 avril prochain n'a "toujours pas obtenu de réponse" de la part des autorités. "Ce qui entrave les préparatifs", soutient ce responsable. Toutefois, le MDS, aguerri par des années de lutte, n'est pas prêt à renoncer à son combat, ni aux objectifs qu'il s'est assignés dont principalement, la redynamisation du parti, assurent ses dirigeants. "Les pressions n'ont aucune incidence sur nous. Le MDS s'est sacrifié pendant des années, ces menaces du pouvoir n'auront aucun écho", assure Hamid Ferhi. Selon lui, c'est "la reconstruction du mouvement qui a tétanisé le pouvoir". Pour sa part, Fethi Gherras ne manque pas d'ironiser : "On ne peut pas construire un front interne avec la matraque. Ils parlent d'exercice des libertés démocratiques, les Algériens tentent de l'exercer et ils les tabassent." "Le MDS agit sur le terrain. Ils sortent le dossier de Ghardaïa car il y a 2019", dit-il. Karim K.