À l'appel du président Abdelaziz Bouteflika pour "la préservation de la cohésion sociale", Louisa Hanoune rétorque qu'"il incombe d'abord à l'Etat, et donc au gouvernement, de réunir les conditions pour immuniser le pays". Le Parti des travailleurs (PT) ne chôme pas. Après la réunion, samedi, du bureau de la wilaya d'Alger du parti, c'était autour du bureau politique de se réunir, hier, au siège du PT, à El-Harrach, pour préparer une série de rencontres régionales, à partir de ce week-end, à commencer par Annaba et Constantine, où des militants issus de plusieurs autres wilayas de l'est du pays y prendront part. Dans son rapport d'ouverture, la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, a fait savoir que "ces rencontres, qui viennent s'ajouter à la dynamique observée à l'intérieur du parti, tendent à donner une homogénéité au discours parmi les militants", toujours dans le cadre de la campagne en cours de récolte d'un million de signatures pour la convocation d'une Assemblée constituante. Louisa Hanoune, qui, de la sorte, entend donner de "l'argument" et de "l'audace" à ses militants, a commencé, dans son intervention, par se livrer elle-même à cet exercice, lorsqu'elle abordera le dernier message du président Abdelaziz Bouteflika, lu en son nom par le ministre de la Justice, Tayeb Louh, le samedi 24 mars, à l'occasion de la Journée nationale de l'avocat. "Le président de la République appelle à la préservation de la cohésion sociale et à atténuer les tensions. Sa lecture des dangers qui planent sur notre pays et des défis à relever est juste et nous la partageons. Cependant, c'est à l'Etat qu'incombe la responsabilité de réunir les conditions pour immuniser le pays et préserver sa cohésion sociale. Parce que, le renforcement du front interne n'est pas un slogan creux", a-t-elle rétorqué au message présidentiel. Louisa Hanoune ira encore plus loin en soulignant qu'"un Etat, qui se veut souverain, ne devrait pas s'encombrer de réticences lorsqu'il s'agit de prendre des mesures salutaires", au moment où "une crainte de lendemains incertains est observée chez les citoyens", dans un paysage politique, économique et social qui "connaît une régression continue". La SG du PT, qui appelle ainsi au "rétablissement de l'autorité de l'Etat", estime que "le chômage et la baisse drastique du pouvoir d'achat des Algériens sont dus à l'abandon par l'Etat du monopole du commerce externe et interne, tombé entre les mains de lobbies et de barons voraces". Et comme si cela n'était pas déjà assez "révoltant", Louisa Hanoune s'indigne qu'aujourd'hui, "même de petits importateurs font la loi", alors que "les spéculateurs, dans la crise que connaît actuellement le marché du lait, agissent en fonction de la loi du plus fort". Ce qui l'amènera à lancer un message d'avertissement en direction des pouvoirs publics : "Vous rendez-vous compte qu'on touche maintenant aux besoins les plus élémentaires des Algériens ? Se réveiller aux aurores pour aller faire la queue et se procurer du lait, au lieu de se réveiller pour aller travailler ou vaquer à d'autres occupations, constitue pour les citoyens un facteur de stress qui conduira à la peur, et donc à l'anarchie. Cela met en péril la sécurité de la nation, et pourrait être la goutte qui fera déborder le vase." Toujours dans le même sillage, Louisa Hanoune s'insurge contre le fait que "même ce qui, ailleurs, constitue une bénédiction de la nature, fait, chez nous, office de malédiction". C'est ainsi qu'elle met les inondations qu'ont connues plusieurs régions du pays sur le compte de "l'imprévoyance des autorités et l'absence de prospective". Puisque, pour elle, il s'agit d'anticiper, au lieu de s'atteler à "réduire les budgets de la Protection civile et des communes (...), dans le cadre d'une politique d'austérité incarnée par la loi de finances 2018", et de réclamer d'ailleurs sa révision dans un autre appel adressé au président de la République. Parce que, lance-t-elle à nouveau en direction d'Abdelaziz Bouteflika, "préserver la cohésion sociale, c'est œuvrer à criminaliser l'évasion fiscale, combattre l'enrichissement illicite et la corruption, procéder au recouvrement fiscal, venir à bout des disparités régionales, consacrer le principe d'égalité entre tous les citoyens et renforcer les liens entre les gouvernants et les gouvernés (...) Ce sont là les politiques qui incarnent et consacrent la pérennité et la continuité de la République". Autant de raisons qui feront dire à Louisa Hanoune que "la véritable issue réside dans la refondation politique et institutionnelle", c'est-à-dire aller vers une Assemblée constituante. Mehdi Mehenni