Les humoristes Samia Orosemane, Phil Darwin, Moorad KTB, ont animé une soirée exceptionnelle, jeudi dernier, à l'opéra d'Alger, sous le slogan "Alger sous les couleurs du stand up". Un spectacle exceptionnel qui s'est tenu, jeudi dernier, dans la soirée à l'opéra d'Alger Boualem-Bessaih, a drainé une foule des grands jours, et ce, malgré le froid annoncé pour la soirée. Et pour cause, en tête d'affiche étaient programmés, en cette veille de rentrée scolaire, les humoristes Samia Orosemane, Phil Darwin, le Franco-Algérien, Moorad KTB, alias Mourad Katebe en plus de la petite algéro-vietnamienne, Ambre, tous révélés par le Jamel comedy club et son spin-off, le Jamel Comedy Kids. Moorad KTB, ce Franco-Algérien originaire de la ville de Khenchela est le premier à entrer dans l'arène. Accompagné de Dj Rim-K aux platines, "l'Arabe aux lunettes", comme il aime se définir lui-même, tacle joyeusement le phénomène des réseaux sociaux où les internautes, notamment les filles font dans l'ostentation, avec selfies, tenues aguicheuses, et ce, juste pour les likes, ou "j'aime". De ces phénomènes sociaux, il passe à la politique et la situation des malades en Algérie, où le patient pousse les brancards avec les ambulanciers, faute de moyens et au vu de la déliquescence du secteur de la santé. Une blague qui fait mouche parmi le public, car faisant écho aussi à la situation actuelle de nos hôpitaux. Ambre, 9 ans, autre révélation du Jamel Comedy Kids, fait son entrée en karakou sur une musique urbaine sur laquelle elle pose des pas de danse hip-hop. Elle nargue son public en dévoilant qu'elle est en réalité présente afin de remplacer la star de la soirée. Tordre le coup aux clichés Phil Darwin, le plus Algérien de ces humoristes, avec ses 12 années passées en Algérie était aussi celui qui avait le plus de piquant, ce plus qui rendait son approche et son humour encore plus mordants. Le spécialiste de la drague, du dialecte et du quotidien dans notre pays, se joue des clichés sur les Algériens. Il les tord, les amplifie, les secoue, et ce, sans une once de malveillance. Il se moque également de ses propres travers, de sa vie conjugale, des différences entre les femmes et les hommes. À sa femme qui lui demande, par exemple, en plein milieu de la nuit s'il l'aime, il explique à son public que le mot "je t'aime est un joker à utiliser en cas d'extrême urgence uniquement". Dans le cas d'un Algérien, ce sera seulement si l'épouse a déjà fait ses valises, et se dirige vers la porte de sortie que ce mot tant redouté par les hommes est lâché. Humoriste doublé d'un imitateur hors pair, il se glisse dans la peau d'un pur Algérois, avec ses mimiques, sa chemma implantée sous la lèvre. Jouant de la rivalité entre Marocains et Algériens, il raconte à son public qui rit désormais de ses propres défauts, son échange avec un Algérois qui lui annonce que les nuages attendus pour le lendemain sont l'œuvre du Maroc, qui veut faire entrer ses cumulus sur le territoire algérien. L'humour pour faire tomber les barrières Orosemane, la Franco-Tunisienne et vedette de la soirée fait son entrée dans une scène obscure, en chuchotant "Je suis ta mère", avant de révéler une tenue haute en couleur avec pagne, turban africains et sarouel. Pour elle ce sont surtout les relations familiales et conjugales qui font l'essentiel de son humour. De sa mère qui prend mal sa décision de se marier avec un homme noir, à son père pour ce qui est de son quotidien d'immigré en France, et du racisme dont elle a été victime dans le métro, tout y passe. Et même si son spectacle est intitulé "Femmes de couleur", la gent masculine n'était pas à l'abri de la causticité de la Clichoise. Elle confronte ainsi, avec beaucoup d'humour les manières de parler des Algériens et des Tunisiens, et des Marocains, en précisant que parler de ces derniers en Algérie reviendrait à parler des juifs en France. Yasmine Azzouz