La complexité du dossier des migrants se fait ressentir au niveau du recensement et du traitement que devra réserver l'Algérie aux populations vulnérables, comme les enfants et les femmes enceintes. Avec 500 tentatives d'entrée illégale sur le territoire national enregistrées quotidiennement, les frontières du Grand-Sud algérien deviennent, d'année en année, une cible privilégiée des réseaux organisés de passeurs d'immigrés clandestins des pays subsahariens. Ce chiffre, annoncé par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, en réponse à une question de Mohamed Boubtima, membre du Conseil de la nation, posée lors d'une séance plénière consacrée aux questions orales, renseigne sur la complexité du traitement du dossier de l'immigration clandestine, mais aussi des migrants, nombreux à venir s'installer en Algérie et/ou y transiter pour rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Cette complexité se fait ressentir au niveau du recensement du flux migratoire et du traitement que devra réserver l'Algérie aux populations vulnérables, notamment les enfants et les femmes enceintes. "L'opération de recensement des migrants clandestins est très complexe, car n'étant pas soumise à une déclaration des concernés (migrants clandestins), mais plutôt aux enquêtes menées par les services concernés", a expliqué M. Bedoui. D'ailleurs, reconnaîtra encore le ministre de l'Intérieur, c'est grâce à l'étroite collaboration avec les corps de sécurité combinés, notamment les unités de l'Armée nationale populaire (ANP) stationnées aux frontières, que des recensements préliminaires ont été établis avant que des mesures ne soient prises en amont pour juguler ce phénomène. Cette collaboration aura permis, selon le ministre, "de réduire le flux de migrants clandestins en Algérie. Des enquêtes avaient démontré que des réseaux criminels encourageaient l'entrée de migrants sur le territoire national, dont plusieurs avaient été démantelés. Il faudra reconnaître que l'approche de l'Algérie en matière de traitement du phénomène de la migration clandestine reposait sur le respect rigoureux des droits de l'Homme". Citant les traités internationaux que l'Algérie avait ratifiés et la loi n°08-11 relative aux conditions d'entrée, de résidence et de déplacement des étrangers en Algérie, M. Bedoui a estimé que le cadre juridique "garantit la protection aux étrangers qui entrent de manière régulière en Algérie et un traitement spécial aux catégories vulnérables de migrants clandestins lors des opérations de rapatriement vers leur pays d'origine, notamment les mineurs et les femmes enceintes". Abordant la sécurité aux frontières, le ministre a réitéré la position de l'Algérie affirmant que "la sécurité des citoyens et du pays relève d'un droit souverain, légitime et non négociable (...). Du reste, l'Algérie croit profondément que plusieurs migrants clandestins ont été contraints de venir dans notre pays, en quête de sécurité". Accusant des groupes et des réseaux criminels organisés qui exploitent cette situation, le ministre a souligné que, "conscient de ces dangers, l'Etat algérien ne ménage aucun effort pour endiguer ce phénomène. Après, il s'agit d'un droit légitime, celui de préserver la sécurité du pays". Cela étant, M. Bedoui précise que "ce phénomène exige l'engagement de la communauté internationale pour traiter cette question, d'autant que les rapports internationaux, notamment celui de l'ONU fait état d'une crise alimentaire au Sahel, ce qui aggravera davantage la situation". FARID BELGACEM