Des artistes algériens établis en France, dont des chanteurs et des réalisateurs de films et de documentaires, ont été regroupés, vendredi dernier, en fin d'après-midi, au siège de l'ambassade d'Algérie, à Paris, dans le cadre d'une campagne inédite pour la protection et la promotion de la propriété intellectuelle, initiée par l'Office national des droits d'auteur et des droits voisins (Onda). Le directeur général de cet organisme, Sami Bencheikh El-Hocine, a expliqué devant un auditoire nombreux que l'Onda constitue un rempart juridique pour les créateurs, qui leur permet de préserver leur production artistique des actes de vol, de piratage et de toutes les formes d'exploitation illégale sur des plateformes comme Youtube et les réseaux sociaux (Facebook). Actuellement, environ 3 000 artistes algériens expatriés dans le domaine de la chanson sont enregistrés à la Sacem (Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique). Cette entreprise française, à but non lucratif de gestion des droits d'auteur, assure la collecte, la défense et la répartition des droits dus aux professionnels de la chanson et de la musique, y compris à l'international (la Sacem étant membre de la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs-Cisac). Mais il reste l'Algérie où cette société n'est pas parvenue à remplir pleinement son rôle. De son côté, l'Onda, après une longue léthargie, commence à peine à faire le ménage, en s'employant, tant bien que mal, à lutter contre le marché informel des œuvres artistiques. Son directeur général a d'ailleurs été interpellé sur ce sujet lors de son passage à l'ambassade d'Algérie en France. Enumérant un certain nombre d'actions de protection des droits d'auteur, M. Bencheikh El-Hocine a fait valoir, par exemple, l'implication des services de police et de gendarmerie dans la lutte contre le piratage. Il a rappelé que 2 millions de CD contrefaits ont été détruits en 2017. Le patron de l'Onda a également évoqué la saisie de 80 000 logiciels piratés. Au niveau international, l'Algérie compte sur un certain nombre de conventions (49) signées avec des pays comme la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, les Etats-Unis et le Canada, pour protéger les droits de ses artistes. Le DG de l'Onda a affirmé que d'autres accords ont été passés avec les plateformes Youtube, Netflix et Notify. "Les choses ont beaucoup évolué", a-t-il affirmé, exprimant son souhait de rétablir une relation de confiance avec les artistes algériens de France. "Nous voulons créer des passerelles avec ceux qui ont des droits à faire valoir et qui ont besoin de protection", a fait savoir M. Bencheikh El-Hocine. Il a, par ailleurs, affirmé que l'objectif de l'Onda est de recenser les artistes et leurs œuvres afin de les indexer au répertoire national. Un bureau de l'Office sera d'ailleurs ouvert incessamment au siège du Centre culturel algérien à Paris, qui organise depuis hier des portes ouvertes au profit des artistes. Une rencontre entre professionnels se tiendra également au courant de cette semaine au Cabaret Sauvage (salle de spectacles parisienne). La campagne de sensibilisation devra par la suite être élargie à d'autres villes de France. S. L.-K.