L'Iran a accepté de reporter la reprise annoncée de certaines activités nucléaires sensibles sous la pression de l'Europe et la menace, à nouveau grandissante, d'une escalade pouvant le mener jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU. Pour donner le change, les officiels ont souligné que cette reprise n'était différée que de “quelques jours” et que l'Iran était déterminé à recommencer à enrichir l'uranium, activité au cœur des préoccupations internationales. Le Parlement conservateur a, lui, adopté à une écrasante majorité une loi forçant le gouvernement à garantir que l'Iran produise son propre combustible nucléaire et donc enrichisse l'uranium. À Vienne, ces derniers jours, le chef des négociateurs iraniens, Sirous Nasseri, devait signifier formellement à l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) la décision iranienne de reprendre le travail à l'usine de conversion d'uranium à Ispahan. “Mais comme la partie européenne a demandé une nouvelle rencontre de haut niveau (...), nous avons retardé de quelques jours l'annonce de la reprise”, a-t-il déclaré à l'agence officielle Irna. L'Iran claironne, depuis le 30 avril, que l'usine d'Ispahan va redémarrer. Il estime, en effet, que l'Europe ne cherche qu'à gagner du temps dans les négociations engagées en décembre. L'Iran a accepté en novembre de suspendre toutes ses activités relatives à l'enrichissement, y compris la conversion, préalable à l'enrichissement. L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne essaient actuellement de le convaincre de renoncer à l'enrichissement, seule garantie probante, selon elles, que la République islamique ne fabrique pas l'arme nucléaire. Ces trois pays lui offrent en échange une coopération technologique, commerciale et politique. Mais l'Iran refuse d'entendre parler d'arrêt définitif de l'enrichissement et les négociations menacent de capoter. Les Européens ont prévenu qu'une reprise de la conversion signifierait la rupture des discussions et que les Iraniens devraient s'attendre à ce que leurs interlocuteurs soutiennent une saisine du Conseil de sécurité préconisée depuis des mois par les Américains. Mais, ils ont offert aux Iraniens de nouvelles discussions dans les prochains jours. Le porte-parole des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, a fait état d'un appel du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, samedi soir, “pour nous demander d'accepter un nouveau tour de négociations”. Il a aussi rapporté des interventions de l'Espagne, du Japon, de l'Afrique du Sud et de la Malaisie. L'Iran “examine” actuellement l'idée de nouvelles discussions, a-t-il dit devant la presse, mais elles “auront très probablement lieu”. R. I./Agences