Mises en garde de l'UE, menaces d'Israël, Téhéran est l'objet de pressions occidentales sans précédent. La guerre des communiqués s'est poursuivie tout au long du week-end entre l'Iran et l'Occident, la polémique s'était radicalisée avec une «ultime» mise en garde, hier, de l'Union européenne, et les menaces à peine voilées d'Israël d'attaquer et de détruire les centrales nucléaires iraniennes, rappelant le précédent de la destruction en 1981 de la centrale nucléaire irakienne Osirak à Tamouz près de Bagdad, acte de dévastation resté impuni. Selon la radio militaire israélienne, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Moshé Yaalon, a laissé entendre la possibilité d'une éventuelle attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes. La radio militaire citait le général israélien qui affirmait qu' «Israël a toujours trouvé les moyens de répondre aux menaces (...) j'espère que les pressions exercées sur l'Iran seront efficaces». Estimant «très grave» l'intention iranienne de reprise de l'enrichissement de l'uranium, le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, a indiqué: «A notre grand regret, l'Iran continue à faire tout pour se doter de l'arme nucléaire», affirmant: «Il est impératif de transférer le dossier nucléaire iranien de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) au Conseil de sécurité de l'ONU». Vraiment, les Israéliens, ne doutent de rien, celui-là même qui parle ainsi est le chef de la diplomatie du seul Etat, Israël, qui n'a adhéré ni au TNP, ni au Ctbt (interdiction des essais nucléaires) alors que l'Etat hébreu n'a, par ailleurs, jamais reconnu disposer d'un arsenal nucléaire, mais des experts étrangers affirment qu'il s'est doté de 200 ogives nucléaires. Ainsi, Israël qui refuse de signer le Traité de non-prolifération nucléaire et de soumettre à un contrôle international sa centrale de Dimona dans le Néguev, exige en revanche que la loi internationale soit appliquée à l'Iran. Cet Etat, qui n'adhère pas aux lois internationales sur le nucléaire, qui ne se conforme pas au droit international en la matière, qui refuse que l'Aiea s'informe sur le nucléaire israélien, demande, mine de rien, que l'ONU se penche sur le dossier d'un pays, l'Iran, qui jusqu'à aujourd'hui a scrupuleusement respecté ses engagements vis-à-vis de l'Aiea, aux inspections de laquelle il soumet périodiquement ses installations nucléaires. La focalisation de l'Occident sur le nucléaire iranien se meut peu à peu en véritable frénésie, les Etats-Unis ne semblant plus écarter l'éventualité d'une attaque «préventive» contre les installations nucléaires iraniennes. Ainsi, Le Monde du jeudi rapportait les propos de Daniel Benjamin, chercheur au Centre d'études stratégiques internationales, ancien membre du Conseil national de sécurité, sous le président Bill Clinton, lequel estime que «l'administration Bush soutient l'approche diplomatique européenne, même si elle doute de son efficacité. Mais si d'ici plusieurs mois il n'y a pas d'issue, la Maison-Blanche pourrait décider de reprendre la main. Une confrontation militaire deviendrait alors une réelle possibilité». C'est quasiment un climat hystérique qui régnait hier autour de l'intention iranienne de reprendre des «activités sensibles», entendre la reprise de l'enrichissement de l'uranium, activité suspendue depuis novembre 2004 dans la perspective des négociations entre la troïka européenne (Allemagne, Grande-Bretagne et France) et l'Iran. Dans une déclaration à la télévision iranienne, Hassan Rohani, dirigeant iranien chargé du dossier nucléaire avait en effet affirmé : «Nous pensons qu'une partie des activités nucléaires doit être reprise, mais nous (les dirigeants iraniens) discutons toujours des conditions et du moment de cette reprise.» Il indiquera à ce propos: «L'essentiel est que nous allons reprendre dans un avenir proche une partie de nos activités.» A la suite de cette déclaration, l'Iran a été destinataire d'une lettre de l'Union européenne, laquelle mettait Téhéran en garde «contre les conséquences d'une éventuelle reprise des activités nucléaires suspendues» indiquaient jeudi des sources proches de la troïka. Toutefois, moins alarmiste, l'Aiea, ne s'attendait pas, jeudi, à ce que l'Iran procède à une reprise immédiate de l'enrichissement de l'uranium, selon des sources diplomatiques à Vienne. L'Aiea espérant en revanche un «déblocage rapide» de la situation. Toutefois, dans l'éventualité d'une reprise effective de la conversion de l'uranium par l'Iran, le directeur général de l'Aiea, Mohamed El Baradei, doit recevoir de Téhéran une lettre officielle annonçant cette décision, c'est-à-dire, la rupture des scellés de l'Agence sur certaines installations, indiquent les mêmes sources. Cependant, cette affaire pourrait connaître d'autres développements par le retrait de l'Iran du protocole du TNP, éventualité que n'écartait pas le responsable du dossier nucléaire iranien, Hassan Rohani, qui indiquait jeudi que «l'Iran n'aura plus de respect pour le Traité de non-prolifération (TNP) s'il est empêché d'utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques», indiquant : «Si l'Iran ne peut exercer ses droits légitimes (pour maîtriser le cycle du combustible nucléaire) dans le cadre du TNP, il n'aura plus de respect pour ce traité.» Les négociations menées entre Européens et Iraniens buttent sur la question de l'enrichissement. Les Européens veulent que la suspension actuelle devienne permanente, alors que Téhéran ne l'entend pas ainsi, affirmant que cet arrêt ne pouvait qu'être provisoire. De fait, les négociations se sont enlisées ces dernières semaines, et le 29 avril, les deux parties se sont séparées après une réunion jugée peu satisfaisante. Hier, les Etats-Unis et l'Union européenne émettaient des mises en garde tous azimuts contre Téhéran, laquelle réitérait, hier, que la reprise de ses «activités sensibles» est «certaine» mais examinait dans le même temps la possibilité de «retarder de quelque temps la reprise de ses activités suspendues», indiquait le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Gholamreza Aghazadeh, cité par la télévision d'Etat. Affaire donc à suivre.