La mission du successeur de Raul Castro ne sera pas donc facile, au vu des défis intérieurs mais aussi internationaux, dans un contexte relationnel avec les Etats-Unis des plus délicats depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le Parlement cubain se réunit aujourd'hui et demain à La Havane pour l'élection d'un nouveau président du Conseil d'Etat, une plénière historique qui marquera le début d'une nouvelle ère à Cuba, où le président Raul Castro, 86 ans, passe le témoin à une nouvelle génération de dirigeants. Le premier vice-président et numéro deux du gouvernement, Miguel Diaz-Canel, 57 ans, est pressenti pour prendre la présidence du Conseil d'Etat. Cette étape intervient après l'organisation des élections générales qui ont permis, le 11 mars dernier, d'élire la neuvième assemblée nationale, afin de pouvoir assurer une transition en douce dans un pays qui a subi durant des décennies un injuste embargo américain, legs de la période de la Guerre froide. "Nous avons parcouru un long, long, long et difficile chemin (...) pour que nos enfants, ceux d'aujourd'hui et ceux de demain, soient heureux", déclarait en mars le cadet des Castro, qui avait succédé en 2006 à son frère Fidel, décédé en 2016. Le président sortant ne quittera la tête du parti unique qu'au prochain congrès prévu pour 2021. "Nous poursuivrons le chemin de la révolution, la marche triomphale de la révolution continuera", assurait M. Diaz-Canel voici un mois, au moment de voter aux législatives. Cette plénière a été avancée pour coïncider avec la commémoration du 57e anniversaire de la victoire de la baie des Cochons ("Playa Giron"), qui constitue pour Cuba "la première défaite de l'impérialisme yankee en Amérique latine" en 1961. Selon Lisandra Esquivel, professeur à la faculté de droit de l'université de La Havane, le vote des membres du Conseil d'Etat se déroulera à bulletin secret, lit-on sur le site de l'agence de presse Prensa Latina. De ce vote, il en sortira un président, un premier vice-président, cinq autres vice-présidents, et un secrétaire. Le Conseil d'Etat sera constitué de 31 membres, explique encore l'universitaire. Depuis quelques années, étouffé par un insupportable embargo américain, La Havane a entamé une série de réformes économiques pour assurer la pérennité de l'Etat socialiste pour lequel a lutté le défunt leader cubain Fidel Castro. La mission du successeur de Raul Castro ne sera pas donc facile, au vu des défis intérieurs mais aussi internationaux, dans un contexte relationnel avec les Etats-Unis des plus délicats depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Les deux pays avaient amorcé, du temps de Barack Obama, un véritable dégel de leurs relations qui étaient parties pour s'améliorer davantage. Mais Donald Trump a sapé tous les efforts entrepris par son prédécesseur pour normaliser les relations américano-cubaines, optant pour une politique hostile vis-à-vis de La Havane et de toutes les capitales sud-américaines qui ont pour modèle politico-économique le socialisme et le rejet de toute ingérence de Washington dans les affaires internes des pays du continent sud-américain. Lyès Menacer