Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse ses prévisions de croissance économique en Algérie pour 2017 et 2018. Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, publié hier, le FMI table sur une croissance de 3% en 2018 contre 0,8% projeté dans son rapport d'octobre de l'année dernière. La croissance de l'Algérie devrait baisser à 2,7% en 2019 et à 0,5% en 2023. Le FMI a également révisé à la hausse ses projections concernant l'inflation. L'institution de Bretton Woods prévoit un taux de d'inflation moyen de 7,4% en 2018, qui pourrait augmenter à 7,6% en 2019 et à 13,9% en 2023. Le déficit du compte courant, qui a atteint -12,3% du PIB en 2017, devrait baisser à -9,3% du produit intérieur brut (PIB) en 2018 pour remonter légèrement à -9,7% du PIB en 2019. Le FMI a également abaissé ses projections pour le chômage en Algérie à 11,2% en 2018 après avoir tablé en octobre de l'année dernière sur 13,2%. Le taux de chômage devrait progresser à 11,8% en 2019. Selon le FMI, malgré la hausse de la demande mondiale, les récentes révisions des anticipations du marché laissent présager une remontée des cours essentiellement tirée par l'offre. Les hypothèses de référence pour les cours moyens au comptant du pétrole établis par le FMI à partir des cours à terme semblent indiquer des cours annuels moyens de 62,3 dollars le baril en 2018, soit une hausse de 18% par rapport à la moyenne de 2017, et de 58,2 dollars le baril en 2019. La baisse est due à une augmentation prévue de l'offre aux Etats-Unis et à l'expiration le moment venu de l'accord de l'Opep. En mars dernier, le FMI relevait que l'Algérie reste confrontée à des défis importants, posés de la baisse des prix du pétrole, il y a quatre ans. En dépit d'un ajustement budgétaire important en 2017, les déficits budgétaires et du compte courant extérieur demeurent élevés. Si les réserves restent abondantes, elles ont diminué de 17 milliards de dollars, pour atteindre 96 milliards de dollars. L'équipe du FMI, qui a séjourné à Alger du 27 février au 12 mars pour les entretiens relatifs à la consultation de 2018 au titre de l'article IV, avait relevé que depuis la fin 2017, les autorités algériennes ont modifié leur stratégie macroéconomique à court terme. Pour stimuler la croissance et la création d'emplois, elles ont adopté un budget expansionniste pour 2018, dont le déficit sera financé principalement par la Banque centrale, et ont renforcé les barrières à l'importation. Le gouvernement entend reprendre la consolidation budgétaire à compter de 2019, en vue de rétablir l'équilibre budgétaire en 2022. La mission du FMI partage le double objectif du gouvernement algérien de stabiliser l'économie et promouvoir d'une croissance plus durable et plus inclusive, mais elle considère que le nouveau dosage de politique économique à court terme est risqué et pourrait entraver la réalisation de ces objectifs. Le FMI estime que les nouvelles mesures risquent d'aggraver les déséquilibres, accentuer les tensions inflationnistes et accélérer la perte de réserves de change. "En conséquence, il se peut que l'environnement économique ne devienne propice ni aux réformes ni au développement du secteur privé", avait indiqué la délégation du FMI. Meziane Rabhi