L'écrivain et militant de la cause amazighe, Brahim Tazaghart, était, hier, l'hôte de la maison de la culture Ali-Zaâmoum de Bouira, où il a animé une conférence-débat autour des "défis et avenir" de tamazight. En préambule de son intervention, le conférencier abordera l'histoire du peuple amazigh à travers les âges. "À travers les peuples amazighs, ce ne sont pas moins de 4000 ans d'histoire de culture et de civilisation qui s'offrent à nous", a-t-il fait savoir, tout en précisant que "tamazight est la plus ancienne langue du monde. Elle est tout, sauf une langue indigène". Les acquis identitaires, tels que l'inscription de tamazight dans la Constitution ainsi que l'instauration de Yennayer, Journée nationale chômée payée, sont, pour le conférencier, le fruit de longs combats. "J'entends dire, ici et là, que l'Etat a offert Yennayer aux Kabyles. C'est une contrevérité distillée par certains milieux pour tromper l'opinion publique et minimiser le combat de tout un peuple", soulignera l'orateur. Abordant le sujet de la future académie de tamazight moult fois annoncé par les autorités, mais qui tarde à voir le jour, Brahim Tazaghart notera que "cet organisme qui doit être de rang magistral, peut être l'instrument idéal qui permettra de régler un certain nombre de questions liées à la planification et à l'aménagement linguistique", tout en conditionnant son efficacité par la "qualité" de son staff. "Cette académie doit faire la part des choses et séparer le scientifique du politique et mettre toutes les meilleures compétences à son service", a-t-il préconisé, ajoutant que "cette entité aura la tâche de parachever le travail déjà entamé par l'université d'Alger avec Mammeri, par l'Inalco, par les départements de tamazight, par les chercheurs et producteurs". Pour l'écrivain engagé, la future académie de tamazight ne devrait surtout pas "évoluer loin de la société, elle sera en relation avec les départements amazighs, le Centre national de recherche, les enseignants, les praticiens et autres producteurs. Sa mission est d'être à l'écoute de la vie pour éviter à tamazight de se détacher du réel". S'agissant de la transcription de tamazight, le conférencier n'a pas exprimé un avis tranché. "La décision finale est du ressort de l'académie de la langue amazighe qui doit présenter des conclusions après l'évaluation du travail de terrain. Néanmoins, j'estime que l'enseignement doit être dispensé à l'université et ailleurs. La recherche scientifique et la production littéraire doivent rester avec les caractères latins, du moins à court et à moyen termes. Cela sans empêcher les gens qui le désirent d'utiliser les caractères arabes." Esquissant les perspectives pour la langue amazighe, Brahim Tazaghart estimera que "beaucoup reste à faire". "Ni l'académie ni le Haut-Conseil à l'Amazighité qui doit soutenir l'action du HCA ne sont installés." RAMDANE BOURAHLA