Le projet de loi sanitaire compte parmi les textes qui ont suscité une dénonciation quasi unanime des parlementaires de l'opposition. Les membres de la commission parlementaire chargée de la santé à la Chambre basse du Parlement vont se pencher, ce matin, sur l'examen des propositions liées au projet de loi sanitaire, qui a été sévèrement critiqué par les parlementaires durant les deux jours de débat. Les députés, membres de la commission, devront décortiquer les propositions formulées en plénière par les locataires de l'hémicycle Zighoud-Youcef, et ce, en présence du ministre de la Santé. À l'ordre du jour de la réunion de ladite commission figurent, selon nos sources, pas moins de 77 propositions d'amendement. Le représentant du gouvernement, qui n'a pas su convaincre dans ses réponses en plénière, tentera ainsi de dissiper les inquiétudes exprimées par les parlementaires quant, notamment, aux dispositions inhérentes à l'accessibilité aux soins et aux nouveaux outils de financement de la santé. À première vue, les travaux de commission s'annoncent moins ardus pour le Pr Mokhtar Hasbellaoui. Il aura à affronter un auditoire quasiment acquis. Les membres de la commission de Bouabdellah ne lui feront pas de difficultés. En effet, plus des deux tiers de la commission sont des représentants des deux partis du gouvernement, le FLN et le RND, et l'opposition compte seulement 8 députés sur 30 composant la structure. Néanmoins, il y a lieu de souligner que cet entracte entre les travaux de la plénière et ceux de la commission, qui débutent aujourd'hui, n'a pas, semble-t-il, entamé la détermination des députés de l'opposition de poursuivre leur démarche. Ces derniers maintiennent, en fait, leur mot d'ordre : le retrait du texte de Mokhtar Hasbellaoui. Les députés du PT, du FFS, du RCD, de l'alliance El Adala-El Bina-Ennahda, et ceux MSP n'excluent pas une démarche commune, et ce, pour espérer parvenir à bloquer le texte qui devra succéder à la loi de février 1985. La formation politique de Louisa Hanoune souhaite vivement l'aboutissement d'une démarche parlementaire commune pour retirer le "texte régressif de Hasbellaoui". Le député Ramdane Taâzibt n'a pas caché son désappointement face un tel projet de loi "qui met en danger la Cnas et ouvre la voie à la prédation. Pis encore, le projet du gouvernement a déjà subi beaucoup de modifications, en catimini, en dehors du cadre officiel de la commission par rapport au texte adopté en Conseil des ministres". Le chef du groupe parlementaire de l'alliance El Adala-El Bina-Ennahda, Lakhdar Benkhelaf, joint sa voix à ceux qui interpellent le président de la République afin d'intervenir et bloquer cette "mascarade". "Nous maintenons notre mot d'ordre : le retrait du texte. Le président de la République devra intervenir". Plus loin, il tiendra un discours proche de la réalité parlementaire en disant que "le texte finirait par être adopté en plénière lundi prochain. Les députés de la majorité qui ont séché, sur instruction de leur direction, les deux séances de débat, viendront nombreux, lundi matin 30 avril, pour faire passer le projet de loi en question. Ces députés ont reçu des consignes strictes, pour plébisciter cette loi. C'est une machine de vote qui obéit à la lettre". La formation chère au regretté Hocine Aït Ahmed, par la voix du Dr Ousalah qui siège dans la commission de Benabdellah, maintient sa position par rapport au texte du gouvernement. "Nous réitérons notre requête, le retrait pur et simple du projet et l'ouverture d'un large débat en concertation avec l'ensemble des professionnels de la santé. L'on doit tenir compte du scepticisme des députés quant au devenir de la santé en Algérie". Enfin, des parlementaires alertent les pouvoirs publics sur les dangers de l'article 259, qui menace la corporation des pharmaciens. "Cet article ouvre la voie à la création de sociétés d'officine de pharmacie. C'est une autre provocation. Il n'est pas exclu qu'un nouveau foyer de tension prenne forme avec l'entrée en lice des pharmaciens". Hanafi H.