Le tarif douanier ainsi que les tergiversations des pouvoirs publics risquent de porter un coup fatal à ce groupe. “Si nous restons dans la situation actuelle, économiquement la SNVI disparaîtra.” Le président-directeur général de l'entreprise, M. Chahboub Mokhtar, “ne mâche pas” ses mots. Pour lui, le nouveau tarif douanier a mis ce qui reste de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) dans une situation délicate. Les discussions avec les constructeurs allemand Man et français sont compromises. “Nous les avons relancés à plusieurs reprises, sans avoir de réponse”, affirme Chahboub. Pourtant, avec Man, le projet était pratiquement “ficelé”. Le constructeur allemand se proposait de prendre 55% de la joint-venture qui produirait des camions de tonnage supérieur à 19 tonnes. Le nouveau tarif douanier a remis tout en cause. La mise en place d'un droit additionnel provisoire, dégressif de 12% chaque année, n'y changera rien. Des contacts sont pris par ailleurs avec un carrossier espagnol. Pour ZDF, la joint-venture sera mise en place au courant du premier semestre. “Nous attendons les résolutions du Conseil des participations de l'Etat pour convoquer l'assemblée générale extraordinaire”, souligne Chahboub. Le sort de la SNVI est suspendu à la volonté politique. Entre-temps SNVI se trouve dans une situation paradoxale. En effet, son dernier chiffre d'affaires est en constante évolution. De 9 milliards en 1997, il est passé à 12,6 milliards de dinars en 2001. Cette année, l'entreprise a réalisé un montant de 13,7 milliards de dinars. 2 500 commandes fermes ont été enregistrées pour 2003, soit sept mois d'activité. Un important programme pluriannuel d'équipement est en cours de négociation avec les collectivités locales. En 2003, l'entreprise prévoit la réalisation d'un chiffre d'affaires provisoire estimé à 16 milliards de dinars. Pour peu que l'approvisionnement en intrants ne soit pas rompu et qu'un programme minimal de mise à niveau soit assuré. Justement, sur le plan financier, la situation de la société est “très mauvaise”. La SNVI est l'une des entreprises qui affiche un endettement jugé très lourd, estimé à 50 milliards de dinars. L'entreprise débourse chaque année plus de 4 milliards de dinars rien que pour payer les intérêts (agios) générés par un découvert estimé à 34 milliards. C'est ce qui explique les difficultés que rencontre l'entreprise pour trouver de l'argent pour financer son approvisionnement. Pour l'exercice 2003, les responsables de la SNVI parlent d'un retard de deux mois. Le directeur financier estime que la situation de l'entreprise est le résultat de tergiversations des pouvoirs publics quant à la mise en œuvre des mesures décidées par le CNPE. Il affirme que la SNVI, issue de la restructuration de la Sonacome, a été créée sans aucun capital. Les résolutions du CNPE du mois de mai 1998 n'ont pas été appliquées. Alors que sur le plan du personnel, les effectifs sont passés de 13 800 travailleurs en 1995 à 8 000 permanents en 2002. Aujourd'hui, la SNVI demande aux pouvoirs publics de geler le découvert. La SNVI et sa banque domiciliatrice fonctionnent selon la formule de partage de recettes. Cette formule fonctionne tant bien que mal. Mais le démantèlement du DAP en 2006 sera fatal à la SNVI si d'ici là aucune solution n'est dégagée. M. R.