Après plusieurs années d'hésitation et de louvoiements, le gouvernement décide enfin de mettre la main à la poche afin de sauver certaines entreprises issues du secteur public, ou du moins ce qu'il en reste. En butte à d'inextricables difficultés financières, la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) a bénéficié d'un « plan de développement » de ses activités industrielles, révèle Mokhtar Chahboub, président-directeur général de SNVI. Entériné lors de la réunion du conseil des participations de l'Etat tenue dimanche dernier, le plan en question consiste à mettre à la disposition de « la SNVI des moyens financiers nécessaires pour la réalisation des plans d'investissement et l'amélioration des produits, le maintien des activités dites stratégiques et la prise en charge de l'endettement et du découvert financier de l'entreprise », a expliqué hier, M. Chahboub, sur les ondes de la Radio nationale. Le premier responsable de la SNVI n'a pas soufflé mot sur le montant dudit plan. A vrai dire, le plan en question n'est autre qu'une action de sauvetage d'une entreprise au creux de la vague. La preuve ? Des dettes de 60 milliards de dinars, un découvert financier de 42 milliards de dinars, des parts de marché érodes et une coupe ininterrompue dans les effectifs de plus de 6000 postes d'emploi depuis 10 ans. Des indicateurs tangibles qui renseignent on ne peut plus clairement sur la situation chaotique dans laquelle baigne la société. « En ce moment, nous sommes en discussions dans le cadre d'un comité interministériel au niveau du ministère de Finances pour décider des mesures à caractères financières et des mesures à caractères pratiques selon un planning à mettre en œuvre pour permettre à l'entreprise de fonctionner en situation normales, souligne encore M. Chahboub, sans révéler le montant de l'enveloppe financière nécessaire pour éponger les dettes ou le découvert de la SNVI. « Le passif de l'entreprise nous a beaucoup dérangés (...). L'enveloppe c'est un peu le passif de l'entreprise à prendre en charge et nous sollicitons un fonds de roulement pour nous permettre d'envisager la réalisation de plans futurs de manière sereine », a-t-il dit, en rappelant, dans ce sens, que « des dispositions ont été prises avec les banques pour accompagner la SNVI et lui permettre la réalisation de ses plans de charges ». Selon ses estimations, la SNVI a besoin de pas moins de 3 milliards de dinars pour réaliser ses plans d'investissement à court terme et de 10 milliards de dinars pour aller vers un plan de développement et d'extension sur 10 ans. Pour le PDG de la SNVI, l'entrée en vigueur dudit plan de sauvetage permettra à l'entreprise d'atteindre 10 000 unités avec un chiffre d'affaires cumulé de 40 milliards de dinars au minimum sur 5 ans. « C'est possible avec le plan de redressement qui est entériné. Il permettra de mettre à niveau les installations de l'entreprise », a-t-il affirmé, visiblement confiant. Interrogé sur les possibilités de rompre les termes du partenariat passé entre la SNVI et certains équipementiers étrangers, M. Chahboub a écarté cette option : « Il n'est pas question de remettre en cause les partenariats. » La SNVI a déjà contracté, dans le cadre du processus de filialisation, un partenariat avec un carrossier français BTK, qui détient 60% du capital de la carrosserie de Tiaret, filiale de la SNVI, et l'allemand ZDF pour la production de boîtes à vitesse. Le premier responsable de la SNVI a, en outre, écarté d'un revers de la main l'existence de « discussions » avec le constructeur français Renault pour la partie camions. Par ailleurs, la valeur des commandes publiques consenties par les pouvoirs publics est estimée, selon M. Chahboub, à 35 milliards de dinars. La commande privée, elle, devrait générer des gains de l'ordre de 4 à 5 milliards de dinars. « C'est un plan de charge de 2 ans ferme », indique-t-il. S'il y a lieu de louer cette initiative aux allures de bouée de sauvetage d'une entreprise publique en difficulté, il y a lieu de s'interroger sur ses capacités réelles à se (re)positionner sur le marché tant national qu'international après tant de déconvenues et de régression. Bon nombre d'entreprises publiques, d'ailleurs, incapables de se hisser au rang souhaité pour des raisons de mauvaise gestion, sont devenues des gouffres financiers sans aucune contrepartie productive. Avec cette main tendue des pouvoirs publics – au demeurant sonnante et trébuchante – les responsables de la SNVI seront-ils en mesure de redresser la barre d'une société, jadis fleuron de l'industrie nationale aujourd'hui aux prises avec une situation financière peu enviable ? Seul l'avenir pourra nous édifier.