La Hongrie doit mieux identifier les victimes du trafic d'êtres humains parmi les migrants et les demandeurs d'asile qui sont "privés de liberté" dans des camps à la frontière avec la Serbie, selon un rapport du Conseil de l'Europe publié hier. "La capacité de détection des victimes potentielles de la traite des migrants et des demandeurs d'asile en Hongrie s'est détériorée" selon le communiqué accompagnant le rapport du Groupe d'experts du Conseil (Greta) sur la traite des êtres humains. Le rapport est issu d'une visite dans les deux camps mis en place par les autorités hongroises à la frontière serbe, à Röszke et à Tompa (sud), où les demandeurs d'asile attendent une décision concernant leur demande d'asile, avec interdiction de pénétrer dans le reste du territoire hongrois. La Commission européenne, le Haut-commissaire de l'ONU et de nombreuses associations ont critiqué cette mesure entrée en vigueur en 2017 qu'ils assimilent à la détention. Budapest conteste ce terme soulignant qu'il est possible aux migrants de quitter les lieux s'ils retournent en Serbie, pays par lequel ils sont entrés. Une dizaine de demandeurs sont admis chaque jour dans ces camps, en provenance de Serbie. "Sous la surveillance des gardes armés, les demandeurs d'asile dans les zones de transit sont privés de liberté, détenus dans des locaux exigus, entourés de barbelés", qui ne peuvent être considérées comme un hébergement "approprié et sûr pour les victimes de la traite", selon le Greta. La délégation dit avoir constaté que la plupart des employés travaillant dans les zones de transit "ne pouvaient ni expliquer les procédures à suivre ni renseigner sur les autorités compétentes" pour prendre en charge ce public vulnérable, notamment les mineurs. En outre, le rapport a listé 79 cas "d'expulsions collectives de migrants irréguliers" vers la Serbie, en moins de deux semaines, en décembre 2017. Ces expulsions affectent la capacité de la Hongrie à identifier et prendre en charge les victimes de trafic, selon le rapport. Budapest, dans sa réponse au Greta, a jugé "sans fondement" cette référence à la pratique d'expulsions collectives. La Hongrie, où le Premier ministre souverainiste Viktor Orban vient d'être réélu pour un troisième mandat d'affilée, s'est illustrée depuis 2015 par son discours vindicatif contre l'accueil de migrants extra-européens et une série de mesures durcissant la politique migratoire du pays. Le pays a reçu en 2017 3 397 demandes d'asile et accordé le statut de protection subsidiaire, ou celui de réfugié, à 1 216 personnes. R. I./Agences