"En Algérie, lorsqu'un ministre arrive aux commandes d'un secteur, il nomme ses copains à la tête d'entreprises. Il le fait ainsi dans un cadre fondé sur le copinage et non sur les compétences", dénonce le SG de l'Union de la wilaya d'Alger de l'UGTA. L'Etat n'est-il pas en train de mettre sous perfusion des entreprises publiques moribondes ? Non, répond Amar Takjout, secrétaire général de la Fédération des textiles et des cuirs de l'UGTA et secrétaire général de l'Union de wilaya d'Alger. Takjout, qui s'exprimait sur les ondes de la Radio nationale, pense que le problème n'est pas tant celui de l'entreprise en elle-même, que celui du gestionnaire désigné pour la diriger. Pour dire les choses très clairement et de manière crue, il déclare qu'en Algérie, lorsqu'un ministre arrive aux commandes d'un secteur, il nomme ses copains à la tête d'entreprises. Il le fait ainsi dans un cadre fondé sur le copinage et non pas sur les compétences. Selon lui, un gestionnaire est désigné, sans objectifs définis. Et, il est démis sans obligation de rendre des comptes. De son point de vue, en Algérie, on exerce le pouvoir au gouvernement grâce à l'entreprise publique, parce qu'on a le droit de nommer et de dégommer. Le secrétaire général de l'Union de wilaya d'Alger constate, par ailleurs, qu'il y a recul des luttes syndicales, un nivellement par le bas des acquis sociaux dans de nombreux pays, l'Algérie comprise. Pour lui, le syndicalisme a perdu de sa nature originelle, il n'est plus à l'avant-garde de la défense des droits des travailleurs. Amar Takjout estime que les syndicats semblent être en deçà de leurs capacités de défendre les conquêtes sociales du monde du travail, face à des patrons à la recherche du profit et de l'argent et des gouvernements qui veulent remettre en cause certains acquis sociaux. Aussi, le secrétaire général de la Fédération des textiles et des cuirs de l'UGTA met-il en garde contre certaines dispositions contenues dans le nouveau code du travail et qui sont de nature à remettre en cause des acquis des travailleurs. Du reste, l'invité de la radio s'est appesanti sur la généralisation des contrats à durée déterminée (CDD), un des articles les plus contestés de la réforme du code du travail. Et d'ajouter cependant : "Si demain, des acquis sociaux venaient à être remis en cause, les travailleurs ne se laisseraient pas faire car de telles menaces pourraient produire une renaissance du combat syndical pour s'opposer à la réforme voulue par les gouvernements." Le degré d'incertitude où se trouve le syndicalisme aujourd'hui, le représentant de l'UGTA le lie au comportement de certains dirigeants syndicalistes tentés par la volonté de s'enrichir, c'est cela qui, à ses yeux, aura conduit à une déperdition syndicale. Amar Takjout constate que les travailleurs manifestent peu d'intérêt pour adhérer à une organisation de défense de leurs droits. Et, c'est pour cette raison, dit-il, qu'il y a nécessité de changer de comportement et de mentalité et de diffuser la culture du dialogue social. Aussi, l'invité de la radio, a-t-il appelé à instaurer un dialogue social qui soit considéré comme l'un des piliers de la cohésion sociale et du développement de l'entreprise. Youcef Salami