Près de neuf mois après la résolution 2351 d'avril 2017 du Conseil de sécurité des Nations unies pour la relance des pourparlers de paix entre le Maroc et le Front Polisario, c'est le statu quo, voire pis encore avec la montée des tensions à El-Guergarat. "Le secrétaire général est profondément préoccupé par le regain récent des tensions à El- Guergarat, dans la zone tampon au sud du Sahara occidental, entre le mur de sable marocain et la frontière mauritanienne", a déclaré samedi soir son porte-parole adjoint Farhan Haq. Devant cette situation, Antonio Guterres "appelle les parties à faire preuve de retenue et à éviter toute escalade des tensions" ainsi que toute action susceptible de changer le statu quo de la zone-tampon, ajoute la même source. Cette dernière a précisé que "la circulation des personnes et les échanges commerciaux ne doivent pas être entravés, et aucune action qui pourrait représenter un changement du statut de la zone-tampon ne doit être engagée". Pour le chef de l'ONU, le retrait du Front Polisario et du Maroc de cette zone en 2017 était "crucial pour créer un environnement propice à la reprise du dialogue sous les auspices de son envoyé personnel Horst Köhler". Cette nouvelle montée de tensions dans cette zone-tampon intervient au moment où le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler, tente de relancer les négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Mais, plus de deux mois après sa tournée dans la région, la situation est toujours au point mort et aucun fait nouveau n'a été enregistré. Rabat persiste dans sa politique de fuite en avant en bloquant toutes les initiatives visant à faire avancer le dossier. La dernière en date est le refus catégorique marocain à une demande de l'ONU d'envoyer une mission technique à El Guergarat afin d'examiner les moyens de résoudre la crise dans cette zone tampon au sud du Sahara occidental. Selon une déclaration d'Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, rapportée par l'agence APS samedi, cette mission onusienne est prévue par le paragraphe 3 de la résolution 2351 de 2017 du Conseil de sécurité, prorogeant le mandat de la Minurso. La résolution onusienne, qui "reconnaît que la crise d'El- Guergarat soulève des questions fondamentales liées au cessez-le-feu et aux accords connexes" demande au SG de l'ONU d'"examiner les moyens de la résoudre". C'est une preuve supplémentaire de la volonté du Maroc de pousser au pourrissement de la situation, dans le but d'imposer sa proposition d'autonomie comme seule solution au conflit. Mais, reste à savoir si cette opposition entre le Front Polisario et les forces marocaines à El-Guergarat ne constituera pas une opportunité pour le SG des Nations unies pour mettre un terme à l'immobilisme qui caractérise ce conflit depuis des années. Merzak Tigrine