Le président du RCD a appelé les jeunes à s'impliquer dans les luttes politiques et sociales afin de "réinventer l'Algérie", mise à mal, dit-il, "par un système politique bâti autour de la police politique et de la répression". C'est un tableau très peu reluisant de la situation du pays que le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a présenté, hier, à l'ouverture des travaux du 1er congrès des jeunes progressistes de son parti. Dans son allocution, le chef du RCD n'a pas manqué de répondre à ceux qu'il appelle "les animateurs de la cour", qui, depuis quelques semaines, s'affairent à présenter le bilan du chef de l'Etat comme un tremplin pour convaincre de la nécessité d'assurer "la continuité". Pour le président du RCD, "une confusion est sciemment entretenue, entre bilan politique et bilan comptable", ce qui réduit, selon lui, "les éléments de langage de cette opération à l'énumération de constructions d'infrastructures". "Pour les Algériennes et les Algériens, le bilan de vingt ans de règne autoritariste n'a nul besoin d'être déclamé", a-t-il assené, estimant qu'ils "le vivent au quotidien", avant d'égratigner Ouyahia en considérant que "sa panique devant un Etat mis dans l'impossibilité de payer ses fonctionnaires sans le recours à la fabrication de billets de banque suffit à caractériser ce bilan". Ce bilan se résume, selon M. Belabbas, "aux dizaines de milliards de dollars dilapidés, une économie incapable de décoller (...), un chômage endémique des jeunes (...), des lois liberticides, une scène politique verrouillée et dominée par les impostures de tout genre". "Le bilan d'un président est d'abord politique et concerne la présentation des résultats des réformes engagées, des lois votées, le respect de la Constitution, des lois, de la justice..." "Ce bilan comptable, dont le poids des réalisations structurantes est d'une indigence affligeante, a présenté la stagnation du prix du repas dans les restaurants universitaires comme un acquis majeur de cette gouvernance", a ajouté l'orateur, appelant, dans ce sillage, les jeunes à s'impliquer dans les luttes politiques et sociales, afin de "réinventer l'Algérie" mise à mal "par un système politique bâti autour de la police politique et de la répression", et qui "génère aujourd'hui des mutations maffieuses, y compris dans les sphères licites de l'économie et de la vie sociale en général". Il a mis en garde, par ailleurs, contre "cette orientation qui tend à inhiber toute vie publique, à quelques mois de l'élection présidentielle, qui est dangereuse pour le pays". "Les chaînes interminables d'étudiants devant l'Institut français pour obtenir un visa et quitter le pays complètent ce bilan", a-t-il également souligné, précisant que "les milliers de jeunes harragas sont l'autre face de ces fameuses réalisations". À l'adresse des jeunes congressistes, Belabbas a estimé qu'ils sont dans leur droit d'exiger les mêmes avantages que ceux donnés aux enfants des décideurs. "Vous ouvrez droit aux mêmes études, aux mêmes moyens, aux mêmes avantages et aux mêmes loisirs que ceux que fournissent les responsables du pays à leurs enfants", a-t-il déclaré, soulignant qu'aujourd'hui, "l'échec du système et les ingrédients du chaos sont là", d'où la mission des jeunes qui est "de réunir le plus grand nombre autour de la nécessité de changer les paradigmes de la gouvernance". Mohamed Mouloudj