Jusqu'au 12 mai, le palais de la culture Moufdi- Zakaria abrite le premier marché de l'art algérien, qui réunit plus de 150 artistes des 48 wilayas. L'occasion de faire renaître un secteur qui pâtit de plusieurs insuffisances, entre manque de galeries, difficultés de vente des œuvres et inexistence d'une culture artistique. Le premier marché de l'art en Algérie, annoncé depuis plusieurs années déjà, n'a vu le jour que dernièrement, avec le lancement, le 5 mai, du premier "Printemps des arts". Installé au palais de la culture Moudfi-Zakaria, cet évènement qui s'étalera jusqu'au 12 mai réunit 150 artistes des 48 wilayas. Pour les peintres et sculpteurs, ce rassemblement revêt un cachet mercantile, de par le rapprochement qu'il offre avec de potentiels acheteurs, mais qui leur permet aussi de se frotter à d'autres artistes, d'autres visions de l'art. Séparés en deux espaces, avec d'un côté, les peintres indépendants à l'entrée du patio de l'édifice, et de l'autre les galeries, à l'instar de Sirius, Dar El-Kenz, Thevest ou encore El-Yasmine, le gratin de l'art national était réuni. Les peintres, sculpteurs et galeristes que nous avons rencontrés étaient ravis de la tenue de ce marché en Algérie. "D'abord pour la visibilité offerte aux artistes, notamment ceux perdus dans la nature algérienne, et qui ont ici une opportunité de se faire connaître", comme nous le dira l'organisateur d'exposition Saâdi Chikhi, qui ajoute que "cela leur permettra également de se découvrir, d'échanger et de s'entraider". Au premier espace, juste derrière la cafétéria du Palais de la culture, des artistes d'Oran, Tizi Ouzou, El-Tarf ou encore de Constantine partageaient les cimaises de cette galerie montée pour l'occasion, où toiles abstraites, expressionnistes et d'autres œuvres conceptuelles tentaient d'attirer l'œil des visiteurs. Une artiste autodidacte d'Oran, qui exposait des tableaux en grand format dans un style abstrait lyrique, s'est félicitée de la tenue de cet évènement, qui boostera, selon elle, le mécénat de l'art. Elle déplorera cependant l'emplacement qui lui a été attribué, et qui ne met pas en valeur, selon elle, ses grandes toiles. "J'ai découvert mon emplacement en entrant ici", dira-t-elle. Et d'ajouter : "Je ne sais pas qui nous les a attribués, mais le mur ne met pas du tout en valeur mes œuvres. Dans l'ensemble c'est super, nous sommes dans un endroit extraordinaire, mais je trouve qu'il y a quelques améliorations à faire." Pour un sculpteur algérois, cette initiative louable doit durer dans le temps. Mais même s'il se dit, comme la majorité, content de ce marché de l'art, il regrette néanmoins l'affichage des prix sous le titre des œuvres, qui auraient dû paraître dans un dépliant. "Un manque de professionnalisme de la part des organisateurs", d'après lui, qui plus est éloigne le potentiel acheteur. L'autre côté négatif dont nous parlera ce sculpteur concerne la demande qui a été faite aux artistes de communiquer les noms des acheteurs afin d'avoir une idée sur la catégorie d'acheteurs. Une requête aussi saugrenue qu'absurde, selon l'artiste, et qui risque de freiner la vente des œuvres. Yasmine Azzouz