La poésie populaire était à l'honneur à la maison de la culture Hassan-El-Hassani de Médéa lors d'une rencontre organisée à l'occasion de la célébration du 8 mai 1945, sous le slogan "Poètes de mon pays, poètes de la paix". Une brochette de poètes venus de plusieurs wilayas se sont illustrés par leurs poèmes aux nombreuses envolées lyriques d'une valeur parfois comparable à celles des bardes de la poésie populaire et de ses chantres, tels Sidi Lakhdar Benkhlouf, Si Mouh Ou Mhand, Benguitoun, etc. D'emblée, on soulignera l'opportunité de la tenue de la rencontre dédiée à la poésie populaire eu égard au rôle qu'elle a joué dans la mobilisation de la population algérienne contre la colonisation française, en rapportant les hauts faits d'armes des moudjahidine et les exactions de l'armée coloniale. La poésie populaire est partie intégrante de notre culture nationale, elle est aussi un puissant ciment de l'identité nationale et l'expression de sa personnalité pour mériter l'intérêt des pouvoirs publics, dira le directeur de la culture de la wilaya de Médéa. À tout seigneur tout honneur, c'est au poète de la ville de Bou-Sâada, ou cité du bonheur comme se plaisent à l'appeler ses habitants, Abdelghaffar Abdelhafid, qu'il a été donné l'honneur d'inaugurer la rencontre, osant la gageure de mettre sa poésie sur le même piédestal que celle d'Al-Moutanabi en son temps. Mohamed Abassi, poète venu de la wilaya d'El-Bayadh, a dédié un poème intitulé Echahid aux valeureux chouhada de la glorieuse révolution armée ainsi qu'aux victimes du terrorisme durant la décennie noire. Un hommage soutenu a été rendu par le poète Abdelkader Sadli de Médéa aux victimes de l'avion militaire qui s'est écrasé à Boufarik en décrivant l'itinéraire d'un jeune appelé à partir de son départ de chez lui et de ses adieux à sa mère jusqu'au moment de la nouvelle de sa mort. Outre la thématique relative à la résistance du peuple algérien contre l'envahisseur français, des poètes et des poétesses ont abordé les problèmes sociaux et les valeurs perdues. Mais pas seulement, la poésie amoureuse a aussi eu sa part par la description des traits de la bien-aimée et des sentiments de ses soupirants. Ne manquant pas d'humour, le poète Hadj Mahieddine de Tiaret, retraité de la santé publique, a excellé dans l'art de la dérision en s'attaquant aux nouveaux parvenus d'origine rurale ayant adopté un style de vie citadin. D'autres figures emblématiques de la poésie populaire, à l'image de Béni Slimane Boualem de Boufarik, de Karima Mokhtari de Sidi Bel-Abbès et bien d'autres, ont embaumé la salle par leurs poèmes traitant aussi bien de la poésie amoureuse que de la vie en société.