Cette 71e édition, présidée par la comédienne Cate Blanchett, a été ouverte dans la soirée de mardi, avec la projection d'"Everybody knows", de l'Iranien Asghar Farhadi. Pendant que le président américain Donald Trump ouvrait les hostilités contre l'Iran en annonçant le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien conclu en 2015, le 71e Festival de Cannes donne le coup d'envoi de ses festivités avec la projection d'Everybody knows, de l'Iranien Asghar Farhadi, qui met en scène le couple espagnol Penélope Cruz et Javier Bardem. Le lancement officiel de cette nouvelle édition a été confié au cinéaste américain Martin Scorsese et à l'actrice australienne Cate Blanchett assurant la présidence du jury qui se veut à majorité féminine. Elle sera assistée par l'actrice française Léa Seydoux, la comédienne américaine Kristen Stewart, sa compatriote la réalisatrice Ava DuVernay, ainsi que les réalisateurs Robert Guédiguian et Denis Villeneuve. Lors de la conférence de presse, les juré(e)s ont placé la barre très haut en voulant primer un film exceptionnel. La présidente a affirmé que "la Palme d'or doit englober tous les talents et qu'elle fasse travailler l'imagination au-delà de la période du festival", et Kristen Stewart a ajouté : "Il faut que le film que nous choisirons continue à émouvoir dans 10 ans." Et enfin le réalisateur Robert Guédiguian a prêché "l'équilibre entre l'émotion et l'intelligence". En tous les cas, les compétiteurs sont avertis. Le jury féminin allait-il donner la Palme à une femme ? C'est la question que tout le monde se pose à Cannes. Rien n'est sûr. Dans les discours des uns et des autres, même s'il y a une attention particulière aux femmes et que la présidente est engagée dans la lutte contre le harcèlement sexuel à travers la Fondation Time's Up, rien ne montre que les dés sont jetés. Et même si c'est le cas, le choix va être difficile puisqu'il n'y a pas pléthore de réalisatrices en compétition. Seules trois le sont : la Française Eva Husson avec Les Filles du Soleil, la Libanaise Nadine Labaki avec Capharnaüm, l'Italienne Alice Rohrwacher avec Lazzaro Felice. Une de ces femmes rejoindra-t-elle la Néo-Zélandaise Jane Campion, l'unique femme "palmée" avec La leçon de Piano, au podium ? La réponse sera donnée le 19 mai au soir, lors de la clôture du festival. En attendant, la Croisette a retrouvé son mythique rythme fiévreux, et les rues de Cannes deviennent des espaces fantasques et certainement un terrain de confrontation idéologique. À coup sûr, comme chaque année, certains acteurs sociopolitiques viendront se faire entendre, en marge des projections et des montées des marches par les stars. Après tout, l'ivresse cinématographique ne suffit pas à faire oublier aux Français que le pays est toujours secoué par des grèves, et aux festivaliers que Trump vient de rallumer le brasier au Moyen-Orient. Ça fera un jour peut-être le bonheur du cinéma. T. H.