Une nouvelle fois la direction du festival de Cannes n'a pas placé le réalisateur algérien Mohamed Lakhdar Hamina dans la liste du jury du festival de Cannes. Le cinéaste algérien demeure le seul lauréat de la Palme d'or à ne pas être sélectionné comme membre ou président du jury à Cannes. Mohamed Lakhdar Hamina était même citoyen de la ville de Cannes et aurait pu être choisi facilement comme juré. Cette attitude démontre la crainte de la nouvelle direction du festival de Cannes de la personnalité du réalisateur algérien connu pour ses positions très politiques sur la guerre de Libération nationale et même sur les relations algéro-françaises. La direction du festival de Cannes n'avait mis que deux cinéastes maghrébins comme membres du jury au festival depuis sa création: l'Algérien Rachib Bouchareb et le Tunisien Farid Boughedir. Cette année, la direction du festival a fait fort en choisissant une chanteuse burundaise Khadja Nin pour être membre du jury au festival de Cannes 2018. Aucune relation avec le cinéma, son choix est visiblement politique. Elle est membre du jury au festival de Cannes, sous la présidence de Cate Blanchett, aux côtés des actrices Léa Seydoux et Kristen Stewart, de la réalisatrice Ava Du Vernay, de l'acteur Chang Chen et des réalisateurs Robert Guédiguian, Denis Villeneuve et Andreï Zviaguintsev. À 59 ans, la chanteuse burundaise Khadja Nin a décidé de consacrer sa vie et sa notoriété à autre chose que la musique. Le succès, Khadja Nin, «la petite Jeanine», en burundi, va le connaître en 1996 en France. Autant dire qu'elle sera petite dans ce beau monde. La Burundaise a pourtant été rendue célèbre par le chanteur algérien de raï, Cheb Mami, qui lui a permis de participer à un concert de la star planétaire Sting, à New York, avant un autre triomphe, cette fois à Paris. Khadja Nin se produira une seule fois au Burundi, en 2007, au plus fort de la guerre civile qui ravageait ce pays à cette époque. Toutes les filles branchées de la capitale vont marcher pieds nus pendant des mois, pour faire comme elle. Mariée avec le champion automobile belge Jacky Ickx, elle vit à Monaco et est devenue une habituée de la jet set française. C'est sans doute cette équation qui l'a placée dans le jury du festival de Cannes. Aujourd'hui, l'artiste burundaise a mis de côté sa carrière et se consacre à 100%, dit-elle, à lutter contre «la dictature du président Pierre Nkurunziza, au Burundi». Elle promet de revenir à la musique, une fois ce combat mené à son terme. Autant dire que malgré son engagement politique cette artiste n'a aucune relation avec le 7e art, comment va-t-elle juger la qualité des films, alors que le festival de Cannes est connu pour être l'un des festivals les plus sévères du monde, où les jurys regardent les films dans une villa, loin de toute pression et de toute influence extérieure ou intérieure. Dans le court-métrage, le cinéaste libanais Khalil Joreige, presque inconnu dans le Monde arabe, a été également choisi comme juré. La majorité des grands cinéastes arabes sont absents des jurys de Cannes, même si quelques-uns de leurs films sont présents, aucun cinéaste ou artiste arabe ne sera dans le jury pour défendre leur message et leur cinéma. [email protected]