Les marcheurs ont réussi à transcender leurs opinions politiques pour s'élever comme un seul homme contre la "politique d'ostracisme" et le "régionalisme économique" dont est victime la Kabylie. C'est sous les cris "Assa Azekka, Cevital yella yella", entrecoupés d'applaudissements nourris, qu'une véritable marée humaine a entamé, hier matin, vers 10h30, la marche de "l'espoir", à laquelle avait appelé la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques. Le coup d'envoi de cette manifestation de rue a été donné par les organisateurs depuis le siège du complexe agroalimentaire Cevital de Béjaïa. Ce qu'il fallait relever de prime abord, c'est que la mobilisation des grands jours était vraiment au rendez-vous. La preuve, des milliers de personnes, venues de plusieurs régions du pays, notamment de Blida, Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Oran, Tizi Ouzou, Alger et Bouira, ont pris part à cette démonstration de rue qui a finalement connu un franc succès. En effet, le boulevard alongeant l'arrière-port depuis l'usine de Cevital jusqu'au rond-point jouxtant le siège de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) grouillait de monde. Outre les travailleurs du groupe Cevital, vêtus de gilets portant le logo de leur société, il y avait des acteurs de la société civile, dont des syndicalistes et des militants associatifs, des étudiants, de jeunes chômeurs, notamment des universitaires, des députés et des élus locaux (APW et APC), des représentants de plusieurs entreprises privées et autres citoyens lambda qui sont venus exprimer leur soutien à Cevital. En outre, on a remarqué parmi la foule, la présence des parlementaires du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mme Nora Ouali, Atmane Mazouz et Lila Hadj Arab, le député du Front El-Moustakbel (l'Avenir), Khaled Tazaghart, Mme Ouagueni née Zina Ikhlef, le porte-parole du parti Alternative pour le changement (AC), le Dr Djamel Marniche, l'ancien président de l'APW FFS de Béjaïa (1997-2002) et néanmoins coordinateur de wilaya de Jil Jadid, Rabah Naceri, le représentant du Rassemblement pour la Kabylie (RPK), Sofiane Adjlane... L'impeccable organisation, la remarquable mobilisation et le climat de sérénité ayant marqué cette marche dite de "l'espoir", n'ont fait que confirmer le caractère revendicatif et pacifique de cette dernière. Un autre constat à mettre aussi à l'actif de ce mouvement de contestation sociale, tous les participants à la marche ont réussi à transcender leurs opinions politiques pour s'élever comme un seul homme contre la "politique d'ostracisme" et le "régionalisme économique" dont est victime la région de Kabylie en général et la wilaya de Béjaïa en particulier. En tête de la marche, un groupe de manifestants arboraient une imposante banderole sur laquelle on pouvait lire "Non à l'instrumentalisation de la justice !" Plusieurs autres marcheurs ont brandi tout au long de l'itinéraire de la manifestation, des banderoles et autres pancartes portant les mots d'ordre mis en avant par les organisateurs, tels que "Non au blocage des investissements de Cevital", "Non à la politique de deux poids, deux mesures", "Non à l'embargo sur la Kabylie", "Non au sabotage de Cevital", "Oui à la répartition équitable des richesses nationales"... Arrivée devant le siège de l'EPB, la procession humaine marque une halte au niveau du carrefour du port, où le porte-parole de la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital, Mourad Bouzidi, lançait à tue-tête sur la benne d'un camion, "Non aux casernes de gendarmerie ! Oui pour des usines et la création d'emplois !". Ensuite, les manifestants reprendront leur chemin vers le siège de la wilaya, en passant par le boulevard Mustapha-Benboulaïd, la place El-Qods puis la rue de la Liberté.Au bout du parcours, long de quelque cinq kilomètres, les milliers de marcheurs se rassemblent devant le portail de la wilaya de Béjaïa. Perché sur la benne d'un camion équipé de matériel de sonorisation, Rachid Mansouri, élu RCD à l'APC de Béjaïa, clamait au micro : "Oui au déblocage de l'ensemble des projets de Cevital", "Oui pour la création des richesses et d'emplois à Béjaïa", "Non à l'étouffement économique de la Kabylie"... KAMAL OUHNIA