"D'autres locataires de l'immeuble Lutécia qui étaient dans la même situation que Me Ali-Yahia ont bel et bien régularisé leur situation", insiste le collectif. Le directeur général des Domaines s'est exprimé avant-hier, dans une déclaration reprise par l'agence de presse APS, sur la désormais affaire Me Ali-Yahia Abdennour. Une sortie qui a vite fait réagir le collectif de solidarité avec Ali-Yahia (CSA) qui bat en brèche les explications des Domaines. Ainsi, le collectif parrainé par Djamila Bouhired estime dans un communiqué rendu public hier que "le directeur général des Domaines tente, par le biais d'une déclaration alambiquée, de noyer dans un magma d'approximations factuelles, d'arguties réglementaires et de perfides insinuations, le déni de justice qui a ciblé le vieux militant, et l'émoi engendré dans l'opinion publique, pour banaliser ainsi un intolérable arbitraire comme un simple litige administratif qui serait en voie de règlement". Le CSA souligne qu'en accord avec Me Ali-Yahia, et après consultation des documents en sa possession, que le DG des Domaines a reçu en date du 27 février 2018 la demande de Me Ali-Yahia pour la régularisation de son appartement. Il omet de mentionner les courriers antérieurs restés sans suite, et dont le premier remonte au14 septembre 2014. Il ajoute, en réponse à une déclaration du DG des Domaines où il a souligné qu'"une société répondant à la dénomination Unial Algérie, inscrite au registre du commerce le 17 décembre 2014 comme succursale d'une société étrangère, se prévalant de la propriété des appartements en cause, a introduit une action devant la section foncière du Tribunal de Bir-Mourad-Raïs en vue d'amener notamment M. Ali-Yahia Abdennour à verser les montants des loyers de l'appartement qu'il occupe et non payés depuis janvier 2013", qu'il laisse entendre que le concerné "serait un mauvais payeur sans plus de précisions", omettant "de dire que c'est sur instruction de la direction des Domaines, qui les a informés du nouveau statut de leurs appartements, désormais biens vacants, que les locataires avaient cessé de payer les loyers". Pour le collectif, il est nécessaire de préciser que la société étrangère, dont Unial Algérie était la succursale, "a été dissoute il y a bien longtemps par une décision de la justice française pour cause de faillite", s'interrogeant sur le statut juridique de sa succursale en Algérie avant le 17 septembre 2014, date de son inscription au registre du commerce. Le collectif s'est également interrogé sur le devenir d'une succursale d'une société étrangère dissoute. "A-t-elle le droit de prétendre à un statut légal en Algérie ?", se sont, en effet, interrogés les membres du collectif, ajoutant que contrairement à ce qu'affirme le DG des Domaines, "d'autres locataires de l'immeuble Lutécia qui étaient dans la même situation que Me Ali-Yahia ont bel et bien régularisé leur situation. Après avoir déposé leur dossier et réglé le prix d'achat de leur logement, ils attendent de recevoir les actes de propriété". Le CSA considère, par ailleurs, que la réaction du DG des Domaines n'est qu'"une fuite en avant" qui "vise à camoufler l'arbitraire dont il n'est, en fin de compte, que l'exécutant délégué". Le communiqué du collectif interroge le directeur général des Domaines avec, dit-il, "deux questions du collectif et qui intéressent l'ensemble des Algériens" : "Qui sont les nouveaux propriétaires des résidences d'Etat et des villas somptueuses ‘biens vacants' acquises par les privilégiés du régime ? Et à quel prix ?" Le collectif considère, en dépit de toutes ces réserves, qu'"après des années de silence, cette première réaction officielle est un signe d'apaisement, pour peu que l'effet d'annonce débouche sur un règlement concret et rapide du problème". Mohamed Mouloudj