La situation de Me Ali Yahia Abdennour, à qui est refusé, au mépris de la loi, le droit d'accéder à la propriété du logement qu'il occupe depuis... 1962, n'a pas laissé indifférent. Une pétition est lancée sur la Toile depuis quelques jours. Elle a déjà recueilli des centaines de signatures de personnalités politiques, d'intellectuels et de défenseurs des droits de l'Homme des deux côtés de la Méditerranée. Cette initiative a pour but d'interpeller l'administration pour lever tous les obstacles bureaucratiques pour l'achat de son logement par Ali Yahia Abdennour. Pour cela, les premiers signataires invitent les avocats, ses compagnons de lutte et les citoyens de manière générale à manifester leur solidarité. Ils expliquent notamment que l'arbitraire subi par Me Ali Yahia Abdennour est fondamentalement politique. Le texte de la pétition note que "la dignité humaine est l'âme du combat pour toutes les causes justes. Quand elle est atteinte, l'être humain est atteint dans tout ce qu'il a de plus cher", ajoutant que "toutes les causes justes ont leurs repères, leurs défenseurs : des femmes et des hommes d'honneur qui nous apprennent à vivre et à nous battre en esprits libres !" Les initiateurs de la pétition n'ont pas manqué de rappeler que la victime de ce déni, Me Ali Yahia Abdennour, est un militant au long cours. Ils rappellent qu'il a été fondateur de l'UGTA en 1956 avec Aïssat Idir, et que, "pionnier du combat pour les libertés démocratiques en Algérie, il a été de tous les combats pour la défense des droits humains. Militant de la cause nationale dès son jeune âge, il a consacré plus de 73 ans de sa vie à l'Algérie, à nous apprendre à vivre notre algérianité dans toute sa richesse, à nous apprendre à aimer l'Algérie, à être fiers d'être les enfants d'un peuple porteur d'une Révolution, qui a fait l'admiration des peuples du monde entier", poursuivant que "du haut de ses 98 ans, Ali Yahia incarne, est-il encore précisé, notre algérianité dans ce qu'elle a de meilleur. Il est l'exemple à suivre pour tou(te)s les Algériennes et les Algériens épris de liberté, de vérité et de justice. Aujourd'hui, cet humaniste convaincu fait face à l'insoutenable hogra (arbitraire) d'un régime autoritaire, qui œuvre inlassablement à empêcher l'émergence de toute personnalité crédible, à l'exemple de Me Ali Yahia Abdennour, de la société civile". Par son attitude arbitraire, l'administration porte ainsi atteinte au droit et à la dignité de la victime en l'empêchant d'acquérir en toute légalité l'appartement dans l'immeuble "Lutetia" à El-Biar, sur les hauteurs d'Alger. Un appartement qu'il occupe en sa qualité de locataire depuis 1962. L'accès à la propriété lui est refusé, alors qu'il a été autorisé pour d'autres locataires du même immeuble qui étaient dans la même situation que lui. "Au-delà de la personne d'Ali Yahia, cet acte constitue une atteinte aux fondements du combat pour les droits de la personne humaine dans notre pays. (...) Allons-nous laisser faire une telle forfaiture ?", est-il noté encore dans le texte de la pétition. Par ailleurs, le café littéraire de Béjaïa a manifesté sa solidarité avec Me Ali Yahia Abdennour. Aussi, ses animateurs ont tenu à dénoncer et à condamner "le pouvoir qui veut spolier le grand défenseur des droits humains, Me Ali Yahia Abdennour, de son droit d'acquérir le logement qu'il habite depuis 1962". Pour le café littéraire, ce déni de droit, frappant un vieux militant de 98 ans, est une manière "de châtier un homme intègre, opposant et opposé à ce régime mafieux par son humanisme, son engagement à défendre, au prix de sa vie parfois, toute victime d'ostracisme politique quelles que soient ses convictions idéologiques". Une action unitaire de protestation pourrait être envisagée dans les jours qui suivent à Alger même, devant le domicile de Me Ali Yahia, ont indiqué les rédacteurs de la déclaration. Et ce, pour lui exprimer "notre soutien et l'aider à arracher son droit à acquérir son propre logement sans se courber devant l'administration que le pouvoir instrumentalise pour régler ses comptes avec ses opposants". L'on apprend enfin que deux autres pétitions dénonçant ce déni de droit, qui frappe Me Ali Yahia Abdennour, sont en phase de préparation, à l'initiative d'autres personnalités de la société civile. Déjà rédigés, ces deux textes seront rendus publics incessamment, nous dit-on. Leurs rédacteurs s'employaient, hier, à partager ces deux textes de proche en proche afin de recueillir leurs premiers signataires. La multiplicité de ces pétitions, quelques jours à peine après la sortie publique de Me Ali Yahia Abdennour, en dit long sur le rejet citoyen de cette injustice flagrante qui frappe le vieux militant des causes justes. M. Ouyougoute