Après la grande soirée qui s'est tenue au stade municipal de Maghnia, dimanche dernier, et qui a vu le président Ben Bella lancer : “Je dédie ce jubilé au président Bouteflika (...) et à la réconciliation nationale”, place, hier, au folklore et aux festivités sportives. En effet, hier, les centaines d'invités et d'officiels qui ont investi les villes de Maghnia et de Tlemcen, depuis le début du jubilé, ont tous été conviés à participer à l'immense waâda offerte par la tribu des Ouled Mahar, en hommage à Ben Bella. C'est à l'extrême-sud de la wilaya de Tlemcen que se déroulait la waâda, juste à l'ombre du saint patron de la région (daïra de Sebdou) Sidi Yahia. Visiblement fatigué, Ben Bella éprouvant même quelques difficultés à se mouvoir, consacrera quelques minutes à une zerda à Sidi Yahia. Quelques-unes des personnalités étrangères qui étaient ses invités attendaient à l'extérieur. La grande kheïma des officiels étaient gardée par un cordon de gendarmerie. Ces derniers n'eurent aucune indulgence pour bien des invités et des élus et responsables locaux qui durent se faire une autre place à l'ombre des kheïmas qui avaient été prises d'assaut par des centaines de convives. Fantasia, baroud et danse folklorique se sont succédé pendant plus de deux heures sous un soleil de plomb. Tenus à l'écart, les journalistes ne purent approcher Ben Bella très entouré par ses proches et un service d'ordre infranchissable. Quant aux citoyens de Maghnia, beaucoup semblent dépassés comme assommés presque par ce déferlement de monde et d'animation en tout genre. La ville frontalière à quasiment “explosé” ces 10 dernières années. La population s'est accrue dépassant même celle du chef-lieu de wilaya, Tlemcen. Ville cosmopolite et ville d'hommes, peu de femmes déambulent au centre-ville, Maghnia connaît un commerce florissant, le trabendo y est omniprésent. En témoignent les maisons cossues qui ont poussé un peu partout, symbole de l'enrichissement rapide de beaucoup de familles. Mais ici, parler de trabendo et des passeurs dérangent quelque peu et est même inconvenu dans ce jubilé. Pour l'heure, le temps et la parole des habitants de Maghnia se conjuguent uniquement avec le jubilé de Ben Bella. Dans les cafés, dans la rue, il est de bon ton de se dire ben belliste désormais alors que c'est quasiment la réhabilitation et la consécration pour l'homme. Pour beaucoup de jeunes que nous avons rencontrés au détour des rues, Ben Bella c'est “le premier président de l'Algérie”. Ce jubilé aura peut-être ainsi une occasion de réconcilier les Algériens avec l'histoire. D'ailleurs, de nombreuses conférences sont programmées comme celles du professeur Kizerbo sur le thème “Les mouvements de libération en Afrique”, ou encore le Dr Zemri Mohamed sur “La lettre de Moufdi Zakaria à Ben Bella”. Parmi les invités de marque de Ben Bella, la fille Ouda, de feu Jamel Abdenacer est la plus sollicitée. Aujourd'hui, des compétitions sportives sont programmées au niveau des structures sportives de Maghnia. F. Boumediene