Cette année 2018 marque les 70 ans de la Nakba, une catastrophe et des massacres qui ont mené, dès 1947, à la destruction de 500 villages et 11 quartiers complètement rasés. Près de 80% de la population palestinienne est expulsée vers Gaza, la Cisjordanie, le Liban, la Jordanie, l'Irak et l'Egypte. Puis en 1967, s'en suit la Naksa qui voit une deuxième vague d'expulsions qui touche la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Et depuis, les expulsions se poursuivent à n'en plus finir et Israël s'octroie terres et biens en toute impunité. Mais l'art ne peut pas se taire et le cinéma s'en mêle pour dénoncer. Au festival de Cannes de cette année, un appel a été lancé pour soutenir le pavillon Palestine, présent pour la première fois dans le village international où 10 projets de films palestiniens (5 documentaires et 5 films de fiction) ont été présentés. De plus, le prix "2018 le temps de la Palestine" a été lancé et décerné le jour de la "Nakba day" à la réalisatrice Nehad Khader pour son documentaire Unbowed, et à Leila Abbas pour son film Barzakh, qui verront leur productions enrichies d'une version française pour permettre leur circulation en France. Par ailleurs, On récolte ce que l'on sème, titre du film du réalisateur palestinien Alaa Ashkar, se veut un témoignage. Son réalisateur confie à son sujet : "Pour moi, il est impossible de se projeter dans l'avenir, quel qu'il soit, sans connaître le passé. J'ai eu envie de revenir sur le processus personnel que j'ai traversé pour sortir de la prison intellectuelle israélienne et découvrir mon identité palestinienne. Avec une caméra discrète, je me suis laissé perdre dans des lieux, dans des paysages et dans des visages, connus et étrangers, pour retrouver mon chemin." Samouni Road, un long métrage documentaire de Stefano Savona, réalisateur italien, est également un film à découvrir. Il s'agit, pour une famille palestinienne des alentours de Gaza, qui s'apprête à célébrer un mariage après des années de guerre, de revenir d'abord vers ce passé tragique pour "reconstruire sa mémoire". Un autre film, qui parle aussi de mariage, intitulé Wajib - L'invitation au mariage, de sa réalisatrice Annemarie Jacir, se veut "un regard extérieur et critique" mais aussi "intérieur et généreux" sur une société palestinienne, cette fois-ci qui vit à Nazareth, donc un milieu autre que Gaza. Il y est question d'un conflit de générations, d'un peuple en mal de repères, d'hommes et de femmes qui se cherchent, d'une identité qui se perd. Une manière de prouver que la culture en général, et le cinéma en particulier, sont aussi une arme de combat et un message à faire passer au monde qui regarde, incrédule... Samira Bendris-Oulebsir