Le parquet a requis six mois de prison ferme et 50 000 DA d'amende, soit la peine minimale prévue dans le code pénal. Le verdict dans le procès des 27 Ahmadis, qui s'est déroulé hier au tribunal d'Akbou dans la wilaya de Béjaïa, sera rendu le 12 juin prochain. Au cours de l'audience, le procureur a requis six mois de prison ferme et 50 000 DA d'amende, soit la peine minimale prévue dans le code pénal, a confié l'un des membres de l'Observatoire pour un procès équitable. La défense, composée du collectif des avocats de la Laddh et de trois autres engagés par les prévenus, a plaidé pour l'acquittement de l'ensemble des 27 prévenus. Qu'ils s'agisse des avocats ou des observateurs du procès, tous se sont accordés, à la fin de l'audience, à dire que le procès s'est déroulé dans de bonnes conditions. Le juge s'étant exprimé en kabyle afin de permettre aux prévenus, dont des femmes, l'une d'elles d'un âge avancé, de comprendre les plaidoiries, durant lesquelles les avocats, Me Ikken Sofiane et Me Belamri Yasser, soutenu également par Me Hmaïli Boubekeur et Me Dabouz Salah, ont passé le dossier au peigne fin et plaidé pour la libération des prévenus et surtout l'abandon de l'ensemble des poursuites. Ceux-ci étant jugés en contradiction avec les libertés de culte et de conscience, consacrées par la Constitution et le pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l'Algérie a ratifié. Les avocats, engagés par les prévenus ont appelé également à l'acquittement et à l'abandon de toutes les poursuites à l'encontre de leurs clients, arrêtés chez eux et non pas dans un espace public ou dans un lieu de culte. Ils n'ont pas manqué de déplorer ces persécutions à l'égard de citoyens et de familles ayant tout simplement opté pour un rite autre que celui que semble avoir choisi l'Etat. Le collectif des avocats de la Ligue des droits de l'Homme a souligné la persécution à l'égard des Ahmadis, relayée par un discours haineux proféré par des officiels, ce qui témoigne, selon lui, de l'intolérance envers les "croyances minoritaires, qu'elles se disent islamiques ou non". le collectif n'a pas manqué aussi de rappeler les autres procès, allusion à la confrérie El-Karkariya, qui avait été prise pour cible pour les mêmes motifs, à savoir la mise en danger de l'unité nationale ou encore instrument de services de renseignements (étrangers). Les prévenus, des hommes et des femmes, sont originaires de plusieurs localités, Kherrata, M'cisna, Seddouk et Chemini. Ils ont été interpellés le 10 mars 2017 chez eux. Et ils sont poursuivis pour les chefs d'inculpation suivants : atteinte aux préceptes de l'islam, article 144 bis 2 du code pénal ; création d'association sans agrément, article 46 de la loi 12-06 relative aux associations. Et enfin, collecte sans autorisation de fonds, article 8 de la loi sur la collecte des fonds. Durant leur comparution en première instance, tous les prévenus avaient été mis en liberté provisoire en attendant le procès qui s'est ouvert hier. La communauté ahmadie en Algérie compterait quelque 2 000 membres. M. Ouyougoute