L'un des avocats du collectif de la défense du blogueur Merzoug Touati, Me Salah Dabouz en l'occurrence, a rendu visite, avant-hier, à son client en détention depuis mercredi dernier à la maison d'arrêt de Béjaïa. Selon cet avocat que nous avons joint par téléphone, celui-ci a pu avoir une copie du dossier d'instruction mais s'est refusé de donner plus de précisions conformément aux vœux de son client. "J'ai pu avoir la copie du dossier d'instruction mais je ne l'ai pas encore examinée", nous a déclaré Me Dabouz. Il est le deuxième avocat du collectif de la défense, après Me Ikken, à lui avoir rendu visite à la prison depuis son incarcération. Comme déclaré par Me Ikken à Liberté, Me Dabouz confirme aussi que son client est "sous le choc" et qu'il vit difficilement cette arrestation. "Je l'ai trouvé sous le choc et il m'a demandé de ne pas trop communiquer aux médias sur son affaire", a tenu à préciser Me Dabouz. Et d'ajouter : "Je suis tenu par le respect de cette recommandation de mon client." S'agissant des chefs d'inculpation retenus contre le blogueur, l'avocat précise que son client est poursuivi pour deux chefs d'inculpation, à savoir : "intelligence avec une puissance étrangère dans le but de nuire aux intérêts diplomatiques ou militaires de l'Algérie" et "incitation au soulèvement de la population". De ce fait, soutient notre interlocuteur, le prévenu tombe sous le coup de l'article 71 alinéa 3 du code pénal. Autrement dit, le mis en cause encourt une peine d'emprisonnement allant de 10 ans à 20 ans de réclusion. Selon notre interlocuteur, son client lui a déclaré qu'il faisait dans la communication et sans plus. L'ouverture de son procès judiciaire serait-il imminent ? À cette question, Me Dabouz est affirmatif : "L'ouverture du procès de mon client prendra du temps en raison des lourdes charges retenues contre lui. L'instruction de l'affaire n'est qu'à ses débuts", a-t-il répondu. Pour rappel, le blogueur natif de Bouandas, dans la wilaya de Sétif, a été pris en filature depuis Alger avant qu'il ne soit arrêté à son domicile, le 18 janvier dernier. Des policiers, qui avaient ordre de perquisitionner son domicile, ont saisi son micro-ordinateur, son appareil photo et quelques documents dont on ignore la nature. Sur l'engagement de son client, Me Ikken avait indiqué que "c'est un militant ayant toujours participé aux marches populaires et aux rassemblements. Il se revendique opposant politique, mais respectueux des institutions de la République". Et son arrestation serait liée à ses publications sur son blog, particulièrement l'entretien qu'il a réalisé avec un "diplomate israélien, Hassen Kaabiya", du moins présenté comme tel ; un entretien qu'il avait posté sur son blog. Merzoug Touati se présentait comme un "journaliste citoyen", l'interviewé en question affirmait notamment que son pays n'avait participé ni de près ni de loin à ce que l'on a appelé le "Printemps arabe". Il avait affirmé, en outre, que son pays avait un bureau de liaison en Algérie avant 2000. L. OUBIRA