La déclaration de Paris prévoit, par ailleurs, l'adoption d'une nouvelle constitution et d'une loi électorale avant le 16 septembre prochain. Deux heures de discussion ont permis de dégager un accord pour le règlement de la crise en Libye. Au terme de la conférence internationale tenue hier matin à Paris, à l'initiative de la France et sous l'égide des Nations unies, les représentants de la Libye (Fayez al-Sarraj, président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale ; Khalifa Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne ; Khaled al-Mechri, président du Haut-Conseil d'Etat libyen et Aguila Salah Issa, président de la Chambre des représentants) se sont engagés à travailler ensemble pour garantir la tenue d'élections "pacifiques et crédibles" avant la fin de l'année en cours et à respecter leurs résultats. Une date, celle du 10 décembre, est arrêtée pour l'organisation des scrutins législatif et présidentiel. Auparavant, les différentes parties devront s'entendre sur une constitution ainsi qu'une loi électorale qui seront adoptées d'ici au 16 septembre prochain. Des consultations devront être menées dans cet objectif, en coordination avec les Nations unies. Les responsables libyens ont, par ailleurs, pris l'engagement de consolider les listes électorales en organisant une nouvelle campagne d'inscription. Ils veilleront, en outre, à réunir les conditions techniques et sécuritaires nécessaires pour le déroulement des opérations de vote. Selon l'accord de Paris, les forces de sécurité auront la charge exclusive de garantir le parachèvement du processus électoral. À ce sujet, il a été convenu qu'aucune tentative d'obstruction ou d'ingérence ne sera tolérée. "Ceux qui entraveront le processus électoral auront à en rendre compte", stipule la déclaration signée par les quatre dirigeants libyens. Ces derniers ont été priés, dans le cadre de la réunification de leur pays, à prendre d'autres mesures qui consistent à dissoudre toutes les institutions parallèles, à transférer la chambre des députés (de Tobrouk à Tripoli) et à unifier la banque centrale de Libye, ainsi que les institutions sécuritaires et militaires. Les responsables libyens ont été également exhortés à mener des réformes sur le plan économique. S'exprimant sur l'accord, le président français Emmanuel Macron a estimé qu'il constitue "une étape-clé pour la réconciliation". Il a affirmé que la réunion d'hier est "une rencontre historique", qui est "accompagnée par l'ensemble de la communauté internationale". Cette opinion est partagée par l'envoyé spécial de l'ONU. Ghassan Salamé a précisé néanmoins qu'il n'est pas dans l'intention de la communauté internationale de remplacer les Libyens. "Ce sont eux qui s'entendent entre eux. C'est capital", a-t-il affirmé, en se montrant optimiste sur le processus lancé. De son côté, le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj a lancé un appel à l'arrêt des combats et au dialogue, estimant que "le sang a assez coulé". La conférence de Paris a réuni les représentants d'une vingtaine d'Etats, dont les voisins directs de la Libye. Notre pays a été représenté par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Selon des sources diplomatiques algériennes à Paris, l'Algérie a porté un message clair au cours de la conférence, celui de son empressement à voir la Libye retrouver la paix et la stabilité dans le cadre d'une solution acceptée par les différents protagonistes et en dehors de toute ingérence étrangère. On se demande, néanmoins, si l'accord de Paris sera réellement appliqué, compte tenu de la subsistance de poches de résistance à l'intérieur du pays (milices et tribus). Une réunion d'évaluation devra d'ailleurs se tenir dans les prochains mois pour faire un point de situation. S. L.-K.