Le métier de journaliste n'a jamais été autant menacé avec les fake news, la montée d'un sentiment anti-médias dans le monde politique et une bataille de contenu toujours "plus vive" pour capter les audiences, a estimé un rapport sur l'état des médias dans le monde. Ces menaces, selon l'auteur du rapport Cision, spécialiste mondial des solutions de relations publiques et d'influence, "empêchent les journalistes d'être audibles". L'étude de l'état des médias dans le monde, qui a été menée auprès de 1 355 journalistes en Europe et outre-Atlantique entre le 1er et le 28 février 2018, montre que 56% des professionnels interrogés ressentent la suspicion du grand public envers l'information qu'ils délivrent et 71% de ces professionnels déplorent cette baisse de confiance sur les 12 derniers mois. Selon trois quarts des répondants, être 100% exact dans sa couverture médiatique est "plus important" qu'être le premier et avoir l'exclusivité et 56% des journalistes disent que le phénomène des fake news rend les audiences "plus sceptiques" quant au contenu qu'ils proposent, précise l'étude qui explique que les fake news constituent un "problème majeur" dans le sens où elles rendent le public "beaucoup plus suspicieux" envers les informations qu'il consomme. Par ailleurs, la confiance est également un problème, avec une moyenne mondiale de 71% des répondants pensant que le public a perdu confiance envers les journalistes. Les réseaux sociaux viennent compliquer, selon l'étude, le métier de journaliste et certains d'entre eux s'inquiètent sérieusement de l'augmentation sans cesse de l'audience de ces nouveaux médias en détriment des médias traditionnels. Ce qui amène les auteurs de l'étude à déduire que pour les professionnels il est "plus important que jamais" de s'affirmer en tant que sources fiables et partenaires de confiance. Dans la majorité des pays interrogés, la plupart des journalistes ressentent que le public a perdu confiance en les médias traditionnels ces 12 derniers mois. "L'industrie du journalisme connaît aujourd'hui des changements profonds. Le nombre de personnes dans les salles de rédaction se réduit et les journalistes se voient couvrir toujours plus de sujets", a-t-on constaté, précisant que parmi les différents problèmes que rencontre le secteur du journalisme, 28% des professionnels ont affirmé que les effectifs et les ressources étaient les "plus gros challenges" de ces 12 derniers mois. Les réseaux sociaux et les moteurs de recherche outrepassant les médias traditionnels qui arrivent en deuxième position avec 25%, a-t-on ajouté, soulignant que le phénomène des fake news, la confusion entre l'éditorial et la publicité, les problématiques autour de la liberté de la presse, les enjeux d'influence issus des trolls ou des partis politiques extrêmes ont été un challenge "prégnant" durant ces 12 derniers mois. Face à ces défis auxquels les journalistes sont confrontés, ils recommandent d'être "précis et prêter attention aux faits pour chaque chose que nous entreprenons, éviter les techniques de production qui pourraient déformer la réalité de quelque façon que ce soit". "Combiner du contenu original et créatif, intéressant pour le public. Partager le contenu numérique sur les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou Instagram. Mettre en avant les histoires humaines et cibler une audience relativement jeune, qui consomme l'information par le biais des plateformes sociales", ont-ils ajouté, indiquant qu'ils partagent leur travail sur les réseaux sociaux. Mais de façon générale, 75% des médias affirment que s'assurer de l'exactitude du contenu est "la chose la plus importante" pour leur rédaction. APS