En Algérie, il existe, certes, une réelle volonté politique d'aller vers l'exportation hors hydrocarbures, mais des efforts plus soutenus doivent être consentis pour consolider au mieux l'acte d'exporter. Le gouvernement doit accorder plus d'attention et d'intérêt à ce créneau car sur les marchés potentiels ciblés par notre pays, les places sont déjà prises par des concurrents. L'exportateur a besoin d'une "assistance" et d'un "encouragement" de la part de l'Exécutif, estime Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Il est admis par tous les experts que l'Afrique constitue un marché porteur pour le produit algérien, mais l'Europe peut être également un espace où l'on peut conquérir des niches intéressantes. Or, la mise en œuvre de l'accord d'association paraphé par l'Algérie avec l'UE a été menée au détriment de notre pays. Aujourd'hui, cet accord représente un véritable défi pour l'Algérie. "Faut-il le maintenir ou le résilier ou le geler ?", s'interroge M. Nasri quant à l'opportunité d'un tel contrat avec les pays du Vieux Continent. Les dispositions de cet accord prévoient des exonérations douanières qui causent des pertes fiscales de l'ordre de 2 milliards de dollars annuellement à notre pays. "L'Algérie effectue des importations d'une valeur moyenne de 20 milliards de dollars à partir de l'Europe pour lesquelles il est accordé des exonérations fiscales évaluées à 18% de ce montant", constate le président de l'Anexal lors de son passage, hier, sur les ondes de la radio Chaîne III. Pire encore, l'application du démantèlement tarifaire, programmée une fois la zone de libre-échange créée dès 2020, risque de porter ces pertes fiscales à 3,5 milliards de dollars. Ce qui représente une facture trop lourde pour le Trésor public. "Pour le moment, l'on ne relève que des aspects négatifs dans cet accord", déplore-t-il. La cause est que l'on n'a pas effectué au préalable de cet accord des études d'impact, les prospectives à l'avenir, les avantages... Néanmoins, en dehors des fertilisants, 281 produits algériens sont exportés pour une valeur de 640 millions de dollars. À propos de la liste des 851 produits interdits à l'importation, M. Nasri avoue que cette mesure n'a pas eu de conséquences négatives sur les pays européens, tels que la France, l'Espagne ou l'Italie, l'Allemagne... qui ont vu leurs exportations, contrairement à ce qui a été avancé, augmenter en moyenne de 16% durant les quatre premiers mois de l'année. Abordant la piste africaine pour placer les produits algériens, Ali Bey Nasri affirme que cela nécessite un certain nombre de conditions dont l'amélioration de la logistique, la signature d'accords commerciaux avec ces pays, l'accompagnement des banques et une meilleure visibilité des produits à travers l'ouverture de show-rooms, de bureaux de liaison, ainsi que la révision de la réglementation des changes. L'implication de la diplomatie algérienne est aussi de mise. Par ailleurs, le secteur de l'agriculture peut servir de locomotive dans ces opérations d'exportation. L'Algérie doit, toutefois, identifier, protéger et promouvoir tout ce potentiel agricole à réserver à l'export. Une chose est certaine, notre pays dispose de nombreux produits d'excellente qualité qui arracheront facilement des places sur les marchés internationaux. Mieux, indique M. Nasri, sur les 3,5 millions d'hectares restés en jachère, l'on doit consacrer, au moins, 1 million d'hectares pour l'exportation. "L'exportation est une action qui se planifie. On n'exporte pas l'excédent", conclut-il. B. K.