S'il fallait trouver un exemple de l'injustice du droit International, le meilleur exemple serait sans aucun doute la Cour Pénale Internationale (CPI). Très critiquée depuis plusieurs années, cette institution internationale vient encore une fois de se distinguer, et encore une fois à propos d'un « cas » africain. Vendredi passé la CPI s'est « distinguée » en acquittant, en appel,l'ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba, accusé de crimes contre l'humanité. Il y a deux ans la même institution avait condamné la même personne à 18 ans de prison. Au-delà de son innocence ou de sa culpabilité (il était connu pour être un chef de guerre), il faut retenir surtout c'est que Jean-Pierre Bemba est resté 10 ans incarcéré, dont 8 en détention provisoire. Il avait été arrêté à une période où il dérangeait beaucoup le président de la RDC, son rival, Joseph Kabila. Ce dernier était, à l'époque, le chouchou des pays occidentaux (le sous-sol de la RDC compte parmi les plus riches au monde), et il avait besoin d'aide pour rester au pouvoir. Qu'à cela ne tienne! La CPI est subitement actionnée et pour cela pas besoin de "forme" à respecter. Il fallait «écarter» Jean-Pierre Bemba et la parade était rapidement trouvée. Il fallait rapidement trouver la faille. celle choisie n'était finalement pas la meilleure, mais c'était loin d'être un "blocage". Alors qu'il était impliqué dans la guerre civile « interne », le vice-président congolais s'est retrouvé accusé pour les exactions qu'auraient commises ses troupes dans une autre conflit, celui se déroulant aux frontières, en Centrafrique ! devant les gros intérêts en jeu logique dans cette décision qui devait pourtant être représentation du droit international. L'arrestation de Jean-Pierre Bemba était d'autant surprenante que les deux protagonistes de la guerre civile en Centrafrique, Ange-Félix Patassé et François Bozizé n'ont pas été mis en examen ! Et comme «par hasard» Jean-Pierre Bemba est acquitté (il devrait être libéré demain, mercredi) au moment où Joseph Kabila est en disgrâce chez les chancelleries occidentales, et comme les élections présidentielles sont prévues en décembre prochain, alors... Avec cette histoire comment ne pas remettre en cause la neutralité de la CPI ! Accusée depuis plusieurs années de "sélection pénale" pour n'avoir eu à condamner que (pratiquement) des dirigeants africains, l'institution a perdu beaucoup de la crédibilité qu'elle avait pu susciter à sa création, en 2003. D'ailleurs plusieurs pays du continent (et d'ailleurs, à l'instar des Philippines) ont annoncé leur retrait de la CPI. La liste devrait s'allonger dans les prochains mois. Pour le moment, le procès le plus attendu de cette cour est celui de l'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo. Incarcéré depuis 2011 et accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, son procès est en cours depuis 2016! Sera-t-il bientôt relâché? La réponse devrait dépendre, en se fiant au cas congolais, des relations de l'actuel président ivoirien, Alassane Ouatara, avec les chancelleries occidentales. Au passage il est à noter que l'actuel chef d'Etat est à son second mandat, et la constitution ne permet pas un troisième. Alors, comment entrera en jeu la CPI dans l'imbroglio ivoirien annoncé? Salim KOUDIL @SalimKoudil