Face à la répression policière qui empêche les manifestations de rue, les dirigeants de l'opposition ont recours à la justice pour tenter de bloquer l'initiative de Hosni Moubarak. C'est aujourd'hui que la Haute Cour administrative d'Egypte doit rendre un arrêt à la suite du recours demandant l'annulation du référendum prévu le 25 mai sur l'amendement constitutionnel instituant l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel entre plusieurs candidats, amendement introduit par trois partis de l'opposition. Plusieurs irrégularités susceptibles de pénaliser les opposants à cet amendement sont relevés dans la requête déposée par le Tagamou (marxiste), le Parti nassérien et le parti Wafd auprès de la Haute Cour administrative. La principale revendication touche, selon l'avocat du parti Tagamou, au texte qui sera présenté aux électeurs, qui n'indique pas clairement le contenu de l'amendement entier qui est apporté à l'article 76 de la Constitution égyptienne. Par ailleurs, les conditions obligeant les candidats indépendants à justifier de la caution de deux cent cinquante élus locaux et nationaux au moins, dont soixante-cinq députés de l'Assemblée du peuple, vingt-cinq sénateurs et cent quarante membres d'assemblées locales, constituent aussi un point important de la revendication. Elles sont considérées comme rédhibitoires par les responsables de l'opposition. Le parti libéral Al-Ghad s'est rallié à l'opération. “La direction du parti a décidé de boycotter le référendum” sur l'amendement constitutionnel instituant l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel entre plusieurs candidats, a déclaré à la presse le chef de cette formation, Ayman Nour, qui veut briguer la présidence de la République contre le président Hosni Moubarak en septembre. Outre cette action en justice, les trois formations politiques ont officiellement annoncé leur décision de boycotter le référendum populaire prévu pour le 25 mai prochain. Dans leur appel au boycott, ces mouvements demandent au peuple égyptien d'en faire autant. Ils sont rejoints dans leur action par l'organisation des Frères musulmans, qui agit en aparté en raison de l'interdiction d'exercer qui la frappe. Hier, un haut dirigeant de la confrérie, Mahmoud Ezzat, membre de la direction nationale, a été interpellé à l'aube par la police, ainsi que vingt-cinq cadres locaux. Selon le porte-parole de l'association, “il s'agit de leaders d'opinion, qui ont du poids dans la rue égyptienne et que l'on cherche à écarter de la vie politique avant le référendum sur la constitution ou, préventivement, afin qu'ils ne se présentent pas aux prochaines élections législatives”. Mahmoud Ezzat, 64 ans, professeur de médecine à la faculté de Zagazig, est membre du “Bureau de Guidance”, la plus haute instance politique des Frères musulmans. Condamné à neuf ans de prison en 1964 sous le régime de Gamal Abdel Nasser, il avait été condamné à nouveau à trois ans de prison en 1995 par un tribunal militaire. Les personnes interpellées seront présentées au parquet, qui décidera de leur mise en détention ou non, à la disposition de l'instruction. À la suite d'une série de manifestations organisées ces dernières semaines par la confrérie, les autorités égyptiennes ont déclenché début mai une vaste campagne d'arrestations dans les rangs de la confrérie, qui s'est soldée jusqu'à présent par plus de huit cents interpellations ou mises en détention. K. ABDELKAMEL