Pour améliorer les performances de l'école algérienne, le gouvernement se donne encore du temps. Le ministère de l'Education nationale a élaboré une stratégie qu'il espère concrétiser d'ici à 2030. Dans un document intitulé "Politique éducative", le département de Nouria Benghabrit fixe "trois défis" à relever pour améliorer le rendement du système éducatif. Il s'agit d'abord de la refonte pédagogique, "clé de voûte de la réforme, parce qu'elle s'adresse au niveau micro de l'amélioration du fonctionnement de l'école". Ce défi reprend, d'ailleurs, les termes de la loi sur l'orientation scolaire élaborée en 2008. "Au plan éducatif, il s'agit de faire prendre conscience de l'appartenance à une identité historique collective, commune et unique consacrée officiellement par la nationalité algérienne", note la loi dont l'application est sans cesse ajournée. Pour donner la mesure de l'importance de cette réforme, le document, repris par l'agence APS, évoque les dégâts de la mémorisation comme méthode d'apprentissage. Cette pratique "étouffe l'éveil de l'intelligence chez l'élève". Elle doit laisser place à de nouveaux comportements, notamment "une participation active de l'élève qui contribue ainsi à son propre apprentissage". Le deuxième défi que doit relever le secteur est "la bonne gouvernance". Cela consiste, selon le document, à "instituer des mécanismes d'autorégulation et de promouvoir de manière constante le dialogue et la concertation au sein de la communauté éducative". Quant au troisième "défi", le rapport évoque la problématique de la formation du corps enseignant. Il question "de réviser les cahiers des charges des Ecoles normales supérieures (ENS) pour les adapter aux réels besoins du futur enseignant et de le former sur le plan académique et de l'outiller dans des domaines importants, tels que la psychopédagogie, la pédagogie pratique, la psychologie de l'enfant et de l'adolescent". Cette recommandation est partie du constat selon lequel un vrai problème de formation se pose pour les enseignants. Dans le chapitre lié aux raisons de la faiblesse du système scolaire algérien, le document évoque, notamment, le déficit en qualification professionnelle des enseignants, la surcharge des classes et la désorganisation du temps scolaire. Le système de la "âtaba" (le seuil des cours) est également pointé du doigt. Ce système, instauré du temps où Boubekeur Benbouzid était ministre de l'Education nationale, est "antipédagogique" et a conduit à "la suppression de concepts et de savoirs structurants de certaines disciplines scolaires, telles que physique, maths, philosophie, et qui sont d'indispensables prérequis pour poursuivre des études dans l'enseignement supérieur". S'il note que le système éducatif algérien a rempli sa mission en termes quantitatifs puisque le taux de scolarité est de "98%", il "peine à s'adapter aux normes internationales en termes de management pédagogique et administratif". D'où la nécessité d'accélérer les réformes ! Ali Boukhlef